Quelles agricultures familiales faut-il soutenir dans les pays du Sud ?

15 juillet 2014
Michel Petit, président du Conseil scientifique de FARM


Cette année de célébration universelle de l’agriculture familiale risque paradoxalement d’occulter ses limites et surtout de ne pas éclairer avec assez de précision et de rigueur les choix difficiles de politiques publiques nécessaires à son soutien. Pourtant le sujet est d’importance car il ne fait aucun doute que dans de nombreux pays, tout particulièrement les pays pauvres d’Afrique et d’Asie, l’agriculture familiale continuera d’être la forme dominante d’agriculture, au moins en termes d’emploi, au cours des prochaines décennies. Mais quelle agriculture familiale ? Et dans quelles conditions économiques et sociales ? En effet,pour cette agriculture familiale, les risques de pauvreté et de marginalisation sociale sont considérables. Or l’expérience passée montre que la situation de l’agriculture dépend beaucoup de l’orientation des politiques publiques. Que le lecteur qui n’est pas convaincu songe simplement à l’amélioration de la situation des paysans chinois qui a résulté de l’instauration au début des années 1980 du « système de responsabilité familiale », par exemple. Quelques leçons de débats anciens sur l’agriculture peuvent être utiles. Nous les rappellerons donc brièvement ici avant de nous interroger sur les politiques publiques à mettre en place.

Les leçons du passé

Il faut tout d’abord clarifier ce que l’on entend par agriculture familiale. Le plus souvent, celle-ci est définie implicitement en l’opposant à la grande agriculture industrielle. Cette définition couvre alors une gamme très large de situation diverses : depuis la femme africaine qui cultive son champ individuel jusqu’aux gros agriculteurs du Bassin parisien ou du Middle West américain, dont l’essentiel des moyens de production (travail, capital et même terre) est fourni par la famille, en passant par le petit riziculteur asiatique. Depuis plus d’un siècle, les controverses sur les avantages relatifs de la grande et de la petite exploitation ont fait rage, inspirant d’ailleurs des politiques publiques très variées : des collectivisations communistes aux nombreuses révolutions et réformes agraires en Asie et en Amérique latine. En schématisant à l’extrême le débat contemporain, on peut dire que pour certains, la survie de nombreuses petites exploitations est la preuve de leur efficacité économique alors que d’autres y voient la manifestation de la paupérisation des paysans mis en concurrence avec une agriculture fortement capitalistique, beaucoup plus productive certes, mais fondée sur la surexploitation des ressources naturelles et très consommatrice de ressources non renouvelables comme le pétrole et les phosphates.

Comme analysé dans l’article cosigné avec Jean-Christophe Debar, je pense que la diversité des formes d’agriculture observée dans le temps et l’espace s’explique par des considérations économiques simples. Les petites exploitations (familiales) se maintiennent en grand nombre là où elles ont accès à la terre et où les conditions du marché du travail sont telles qu’il est très difficile pour les agriculteurs et leurs enfants de trouver des emplois rémunérateurs en dehors de l’agriculture. Autrement dit, en termes économiques, le nombre d’exploitations agricoles diminue lorsque le coût d’opportunité du travail augmente. Sinon, les agriculteurs sont obligés de rester et d’accepter une situation où la productivité de leur travail est faible et, par suite, leurs revenus agricoles peu élevés. Telle est la cause principale de la pauvreté rurale, si générale dans le monde et parfois si grande. Et cela est cause d’une grande inquiétude pour l’avenir: les tendances démographiques et surtout les pyramides des âges des populations déjà nées sont telles qu’il sera très difficile de créer dans l’ensemble de l’économie un nombre suffisant d’emplois pour les très nombreux nouveaux entrants sur le marché du travail au cours des prochaines années.

Déjà, même dans les pays d’Afrique du Nord où la transition démographique est pourtant déjà largement entamée, la population rurale continue d’augmenter et cette tendance se prolongera au cours des années à venir. Dans de telles conditions, la réduction de la population agricole sera très difficile, voire impossible, dans de nombreuses régions du monde. Le seul espoir pour augmenter la productivité du travail, condition sine qua non de l’amélioration des revenus agricoles, réside dans l’intensification de l’agriculture et la diversification des activités des ménages agricoles – dans et hors exploitation.   

Quelles politique publiques ?

Les considérations qui précèdent paraîtront peut-être bien pessimistes. Je les crois lucides et surtout susceptibles d’éclairer les débats publics relatifs à l’agriculture et au développement rural. La diversité soulignée ci-dessus impose des politiques ciblées. Tous les agriculteurs familiaux d’un même pays, ou d’une même région au sein d’un pays, n’ont pas les mêmes besoins. Quels agriculteurs veut-on soutenir et pour les aider à quoi faire ? Dans cette perspective, il faut se méfier d’un instrument pourtant très couramment employé : le soutien des prix à la production. On sait qu’un tel soutien bénéficie surtout aux plus gros agriculteurs et, à ce titre, n’est pas efficace dans la lutte contre la pauvreté rurale. Il est en outre cause de distorsions économiques nombreuses et peu visibles, dont les effets nocifs ne sont sensibles qu’à long terme. Enfin, l’encouragement à la croissance de la production intérieure, souvent le principal argument avancé pour justifier le soutien aux prix à la production, pourrait être assuré par d’autres instruments. Mais il est vrai que cibler précisément les bénéficiaires d’une intervention publique quelle qu’elle soit est toujours politiquement difficile. Pour être efficace, il faut cependant le faire. Et c’est au politique de décider quel degré de ciblage est possible.

Les conditions de l’accès aux ressources productives sont essentielles pour toute agriculture familiale, comme indiqué ci-dessus. Je suggère que c’est à l’amélioration de ces conditions que les politiques doivent s’attacher en priorité. Très souvent, il y a beaucoup à faire dans le domaine foncier, il est vrai très délicat au plan politique lui aussi. On peut au moins suggérer aux gouvernements trop complaisants face au « land grabbing » de mieux protéger les droits, formels ou informels, des utilisateurs traditionnels des territoires concédés à des opérateurs capitalistes étrangers. Les conditions d’accès à l’eau dépendent des circonstances locales, bien sûr, mais aussi d’arrangements institutionnels très variés, qui peuvent être fortement influencés par la puissance publique. Celle-ci doit notamment acquérir une bonne connaissance des situations locales pour favoriser tel ou tel type d’agriculteurs.

Quant à l’accès aux intrants nécessaires à l’intensification de l’agriculture, même si les risques pour l’environnement de cette intensification doivent être maîtrisés et gérés, l’Etat peut rarement intervenir directement. Il faut donc favoriser l’émergence et le développement de coopératives ou d’autres structures d’action collective dans un processus, dit « bottom up », de mobilisation sociale authentique, permettant le jeu effectif du contrôle social de l’action des dirigeants. Là encore, le rôle de la puissance publique est à la fois important et délicat. Remarquons en outre que ce sont les coopératives de ce type qui offrent le plus grand espoir d’améliorer l’accès des exploitations familiales au crédit agricole. Les tentatives antérieures de créer des systèmes nationaux de crédit agricole, dans un processus essentiellement « top down », ont le plus souvent échoué. Par ailleurs, le microcrédit réussit rarement à financer l’activité agricole, qui est beaucoup plus aléatoire que les activités artisanales, pour lesquelles le microcrédit excelle, et exige plus de capitaux. L’avantage des coopératives authentiques est qu’elles peuvent fournir un cadre mutualiste favorable au développement des opérations de crédit. Par ailleurs, les infrastructures et les services publics, notamment la recherche agronomique et la formation des agriculteurs et celle des cadres de l’agriculture, relèvent de la responsabilité des pouvoirs publics qui trop souvent n’accordent pas une priorité suffisante à ces actions 

En conclusion, les politiques publiques ont un grand rôle à jouer pour soutenir l’agriculture familiale. Mais les actions doivent être ciblées car les situations des exploitations familiales sont très variées et toutes les exploitations familiales du monde ne pourront pas s’engager fortement dans la voie de l’intensification évoquée ici. Quant à la diversification des revenus des ménages agricoles, elle nécessite des sources d’emploi en milieu rural, dans l’industrie ou les services, et des niveaux de formation appropriés. Il faudra donc faire des choix, parfois difficiles, et adapter les interventions à la diversité des situations, ce qui requiert toujours beaucoup d’intelligence institutionnelle.

 


12 commentaire(s)
OUI, Président. Lucide et délicat, surtout que la politique se fait souvent en villes et que la question la plus pesante sera de plus en plus de nourrir des villes. jm b
Ecrit le 15 juillet 2014 par : j-m bouquery bouquery@noos.fr 2898

Tout à fait d'accord avec ce qu'écrit Michel Petit. Il faut sans doute insister sur l'importance des politiques économiques globales dans l'éradication de la pauvreté agricole et rurale. Les politiques agricoles ne peuvent donner des résultats significatifs en matière de lutte contre la pauvreté que si elles s'intègrent harmonieusement dans des politiques économiques globales. L'aide à la survie des micro exploitations agricoles familiales n'est pas un moyen de lutte efficace contre la pauvreté. Elle serait plutôt un frein à cette lutte dans la mesure où elle diminue les ressources publiques disponibles pour inciter à la création d'emplois pérennes non agricoles en milieu rural, seule voie pour diminuer durablement le chômage et le sous emploi rural. Les ressources publiques étant limitées, il vaut mieux les allouer à la promotion de l'industrialisation rurale qui absorbera l'excès de main d'œuvre dans l'agriculture, accroissant ainsi la productivité des exploitations agricoles familiales restantes qui pourront ainsi acquérir davantage de biens de productivité (équipements et intrants). Le cercle vertueux sera bouclé si l'industrialisation rurale est conçue pour fournir ces biens de productivité. Mais cela n'est pas obligatoire : l'industrialisation rurale sera la bienvenue y compris en fournissant des biens de consommations et/ou des biens d'équipement ou intermédiaires et/ou des services à d'autres secteurs de l'économie ou à l'exportation.
Ecrit le 15 juillet 2014 par : Slimane BEDRANI s.bedrani@ensa.dz 2899

Bonjour Article tres généraliste , dommage encore une fois que la problématique des pertes post-récoltes( 30 %) ne soit pas évoquée c est un fléau notamment pour l agriculture familiale perte de production ( faim) et donc perte de revenus (pauvreté ) et pourtant comme toujours les solutions existent accord sur la conclusion : les politiques ont un grand rôle à jouer
Ecrit le 16 juillet 2014 par : christian cesbron cesbron.christian@gmail.com 2900

Les politiques publiques..... Je me demande souvent, si cette opportunité est vraiment donnée ou laissée à nos dirigeants. En fait, aucune liberté ne se donne, elle s'acquiert de haute lutte et il faut pour cela, à mon avis deux conditions essentielles : la prise de conscience de son manque et le souhait, plutôt, la volonté ardente d'avancer. Pour comprendre le manque, il faut l'éducation, la formation. La grande masse en manque chez nous. Pour avancer, il faut savoir patienter et accumuler. Les idées qui sont véhiculées à nos masses tous les jours incitent à la révolte dont la suite n'est que désastre. ET pourtant, l'exemple de la Chine (qui pense prioritairement à ses intérêts) nous montre, qu'il faudrait se protéger un peu, protéger son marché, le soutenir pour pousser à la croissance. Nous ne pouvons pas cela car nous sommes trop faibles, mais surtout divisés, ou plutôt, on nous divise. On nous défend de subventionner, même si la subvention en soi, n'est pas bonne et je ne l'approuve pas....même s'il y a lieu de soutenir un peu pour booster la croissance. Pour revenir à votre thème, l'agriculture familiale a un avenir à condition que le grands pays cessent de nous voir comme un marché pour les tous leurs produits, même ceux que nous pouvons produire nous-mêmes. Et cela est faisable car nous sommes les seuls à vouloir de ces produits agricoles, exception faite du riz. A vrai dire, je ne suis pas très optimiste car nous manquons de vision et surtout d'engagement pour notre continent.
Ecrit le 16 juillet 2014 par : Amadou Aly YATTARA, Chef de programme coton, IER-Mali amadoualyyattara@yahoo.fr 2901

La forme et le statut d'entreprise familiale apparait comme une étape incontournable dans l'évolution des entreprises agricoles. Elles est un stade d'évolution entre l'exploitation patriarcale aux moyens techniques limités à fort apport de main d'oeuvre sous ou pas ou peu rémunérée. L'évolution vers l'entreprise plus évoluée, à haute technicité et aux apports capitalistiques élevés change complétement le statut et les éxigeances de l'entrepreneur qui ne souhaite plus vivre d'une exploitation agricole de subsistance...
Ecrit le 16 juillet 2014 par : DEGHILAGE BERTRAND terresconseils@orange.fr 2902

Très content de cet article et des deux premiers commentaires. Mon propos est de préparer et tester une méthode de suivi de comptes individuels de microcrédits de campagne et d'équipement de chacun 150 € environ affectés à un projet de "40 jardins villageois pour Handicapés en Ituri (RDC) " de 100 à 500 m2 chacun pour lequel un concours public de 15 000 € vient d'être acquis auprès de PRAOSIM. Dans cette région Province Orientale de la RDC, aujourd'hui difficilement accessible aux étrangers, les services publics sont souvent relayés par des initiatives privées, telle que celle de ce projet promu par la "Fraternité des Handicapés en Ituri - FHI", partenaire de l'"Association de Solidarité des Frères Handicapés d'Ici et d'Ailleurs - ASFHIA" créée et animée par des migrants originaire d'Afrique équatoriale et des grands lacs. Je serais heureux, à partir de ces tests préliminaires de terrain, d'approfondir une méthode de tenue de comptes individuels pour chaque attributaire de tel jardin en conformité aux principes édictés par la CEDEAO et, à terme, éligible aux organismes bancaires de financement. Serait-il envisageable en ce sens de prévoir des échanges avec d'autres partenaires intéressés et impliqué, suivis éventuellement par une discussion d'ensemble lors d'une journée de travail accompagnant par exemple une des prochaines manifestations FARM. J'envoie à Michel Petit par courriel la fiche de présentation du projet et une esquisse de cadre de compte individuel de coopérateur, tel qu'élaboré en lien avec notre correspondant congolais FHI Etienne Ucaki et je signale que ces thèmes seront évoqués lors du colloque monté par "Echanges Méditerranéens" à Bejaïa (Algérie) du 14 au 16 octobre 2014 "Produits de terroir, appellation d'origine et développement territorial" auquel je participerai.
Ecrit le 16 juillet 2014 par : Dominique PETER - Agro sans Frontière dominpeter@orange.fr 2903

L'article a évoqué l'impact des politiques sur l'agriculture familiale; mais n'envisage pas les solutions à adopter, aujourd'hui et demain, étant donné que ce type d'agriculture est le plus dominant dans les conditions africaines. Aussi, il aurait été souhaité de citer des exemples réussies dans certaines régions africaines, qui malgré les contraintes rencontrées ont pu faire reconnaître leurs produits au niveau régional et international. Il serait mieux de penser autrement de l'Afrique et que la pauvreté et la famine n'est que la conséquence de nombreuses politiques africaines et étrangères et il est temps de repenser l'agriculture en prenant en considération les richesses naturelles pour qu'elles soient transformées sur place et contribuent davantage à la sécurité alimentaire de ces pays.
Ecrit le 16 juillet 2014 par : amor_chermiti@yahoo.com amor_chermiti@yahoo.com 2904

La problématique de l'agriculture familiale est et demeure un débat passionnant pour les acteurs de développement dans les pays du sud. L'article aborde plusieurs aspects du sujet et insiste sur le rôle des pouvoirs publics dans l'accompagnement de l'agriculture familiale. Il est important que l'incohérence des politiques agricoles soient soulevée dans les débats et combattue. Car, la non prise en compte des actions antérieurs, des acquis et des expériences positives de permet pas de construire un schéma de développement cohérent de l'agriculture familiale. Il est tant que les pouvoirs publics évitent d'insérer le débat du développement de l'agriculture, qui occupe plus de 80% de la population dans leurs échanges politiques. De nombreux efforts ont été faits pour accompagner le secteur agricole, des actions dont les résultats sont annihiler les interventions sporadiques des pouvoirs publics. Arrêtons cela. Amenons nos gouvernants à jouer les rôles qu'ils doivent jouer (construction des infrastructures, élaborer les politiques, les lois et règlements et les faires appliquer, régler les problèmes du foncier, organiser les marchés, harmonisation et cohésion des actions, etc.) et faciliter le travail des autres acteurs de terrains et cela dans une perspective de pérennité des actions. 00226 70 26 45 76
Ecrit le 21 juillet 2014 par : Aoua S aouasa@yahoo.fr 2906

Il y a des organisations non gouvernemental comme le notre qui possèdent des terres mais manquent des moyens pour lancer l'agriculture familiale et pourtant nous avons tout les autorisations de l'etat pour cela. je voudrais dire par la que, nombreux sont ceux qui ont de terres comme nous manque l'appui de structures comme la votre pour appuyer concrètement cette politique d'agriculture. aussi ongtemps que nous avons une parfaites connaissances de nos propres réalités. à vous de voir comment nous aider à aider aussi les autres car l'agriculture est un élément capital pour l'auto alitaire en afrique.
Ecrit le 22 juillet 2014 par : Action pour le Développement Humain au Congo, organisation non gouvernemental 2907

Merci pour ces commentaires positifs et fort intéressants. Je choisis de faire une réponse collective car cela me permettra d’être plus synthétique et de donner des pistes pour poursuivre la réflexion. Plusieurs commentaires portent sur les politiques publiques : les grandes difficultés à surmonter (Aoua S.), leurs impacts parfois limités (Amor Chermiti), la nécessité de l’industrialisation rurale (Slimane Bedrani), la priorité qu’il conviendrait de donner à l'alimentation des villes (JM Bouquery). Avant de réagir à ces différents points, je voudrais signaler la nécessité de bien comprendre pourquoi les politiques sont ce qu’elles sont. Cette exigence ressort clairement du commentaire d’Amadou Aly YATTARA. Celui-ci écrit notamment : « On nous divise ». L’expression reflète sans doute le sentiment que les marges de manœuvre de nombreux pays africains sont très étroites. Mais on voudrait en savoir plus. Quel est donc ce on impersonnel? En outre dans de nombreux pays, un « biais urbain » influence toutes les politiques publiques, souvent au détriment de l’intérêt des agriculteurs, comme le remarque JM Bouquery. Il faut aussi comprendre ce que sont les tendances lourdes, difficiles à maîtriser pour un gouvernement, affectant l’évolution de l’agriculture. A cet égard, Bertrand Deghilage a peut-être raison : les exploitations familiales sont peut-être appelées à disparaître à long terme ; mais l’essentiel de mon message est que cette disparition n’est pas pour demain. Les exploitations familiales continueront d’exister dans de nombreux pays au cours des prochaines décennies et pendant longtemps encore des types d’exploitations très divers continueront de coexister dans un même pays, ce qui est d’ailleurs la source de défis redoutables pour la conception et la conduite de politiques publiques appropriées. Dans la même perspective, Slimane Bedrani a raison de souligner la nécessité de l’industrialisation rurale ; mais il ne faut pas se leurrer : dans de nombreux pays, dont le sien (l’Algérie), les cohortes de jeunes ruraux arrivant sur le marché du travail sont tellement nombreuses qu’il sera bien difficile de créer assez d’emplois, dans l’industrie rurale ou ailleurs, pour les absorber tous. Quant aux pertes post-récolte, Christian Cesbron a raison de souligner la nécessité de les réduire. Mais là encore il ne faut pas se faire trop d’illusions sur la capacité réelle de les faire baisser de façon significative par l’adoption de politiques publiques appropriées. Toutes ces remarques paraîtront peut-être bien pessimistes. Tel n’est pas mon état d’esprit pourtant. En effet, pour répondre à la demande, exprimée par Armor Chermiti, « de citer des exemples réussis dans certaines régions africaines », je voudrais signaler qu’il existe une littérature abondante sur les « success stories » du développement agricole et rural. Et cette littérature souligne par exemple que les succès du développement du manioc en Afrique (progrès spectaculaires des rendements et dans la lutte contre les ennemis de cette culture, en particulier les cochenilles) ont été spectaculaires. Plus globalement, les données statistique globales disponibles suggèrent que, sur une période de plusieurs décennies, les progrès de productivité de l’agriculture africaine (production agricole totale par hectare) ont été au moins aussi rapides qu’en Europe, une performance peu connue mais cependant avérée ! Autrement dit, malgré leurs limites les politiques publiques de soutien à l’agriculture familiale ont connu des succès réels. Le défi pour l’avenir est de maintenir ces succès et surtout de les amplifier.
Ecrit le 25 juillet 2014 par : Michel Petit 2910

L'agriculture familiale doit être un thème d'actualité;il est à noter que c'est un processus qui permet les développement de nos pays,au delà de tous ces aspects, l'agriculture familiale reste et demeure une problématique intéressante pour moi en tant qu’actrice de la société civile et surtout une actrice de développement.Je souhaite que cette agriculture familiale soit initier aux femmes rurales car elles sont les pionnières de tout le développement,à commencer par le communal,le départemental et du milieu urbain.Lors de la dernière réunion annuelle du CORAF qui s'est tenu à Niamey au Niger;j'aurais voulu une large participation des femmes rurales productrices des céréales et de surcroit leur implication lors de la prise de certaines décisions sur le plan agricole,mais malheureusement elles sont toujours marginalisées lors des grands événements;je déplore vraiment cette attitude de nos autorités.
Ecrit le 26 juillet 2014 par : Mintou Kountché kmintou2001@yahoo.fr 2897

Sujet très intéressant et qui mérite partager en table avec nos responsables politiques. Un regard en arrière avec l'engagement des Chefs 'Etat à Maputo en 2004. Qu'est ce qui a changé réellement? je dirai rien, il y a une bonne intention de la part de nos dirigeants mais l'opérationnalisation sur le terrain est nul. Le dernier sommet à Malabo a encore mis l'accent sur ce secteur qui prioritaire. Des données existent partout sur la contribution de ce secteur face aux grands défis de nos Etats: chômage, vie chère, ... Mais je pense pour ma part que nos Etats ne disposent pas véritablement de diagnostics et d'analyse technico-économiques sur les exploitations familiales. Il n'y a pas une étude bien fournie sur la connaissance globale des exploitations agricoles familiales. Les exploitations familiales du Nord et celles du Sud du Burkina n'ont pas les mêmes réalités ni les mêmes besoins. Les regrouper dans un panier et appliquer une solution unique, c'est faire fausse route. c'est à ce niveau que ce trouve le noeud. faire une typologie des exploitations en prenant en compte l'exploitation dans sa globalité, c'est une piste qui permettra de mettre le doigt sur la plaie à soigner. Il y a un travail qui entrain d'être entrepris par le ROPPA sur l'obesrvatoire des Exploitations Familiales en Afrique de l'Ouest. Cette idée est très belle et permettra de mieux cibler les demandes réelles et répondre de façon appropriée. Saluons la contribution des organisations paysannes pour le travail réalisé auprès des exploitations.
Ecrit le 22 août 2014 par : Hermann TOGO, Chargé du Programme Conseil à l'Exploitation Familiale au sein de la FNGNaam/Burkina Faso sidbeemeht@gmail.com 2911

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