Journée mondiale de l’alimentation : un besoin de clarification

15 octobre 2013
Jean-Christophe Debar, directeur de FARM


Ce sont des idées reçues, des erreurs ou des approximations. Il est important de les repérer et de les décrypter, car elles forment le creuset dans lequel se forgent les opinions et s’élaborent les politiques. A l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation, nous discutons ici certaines de ces assertions les plus courantes, pour clarifier et faire avancer les débats.

« Inutile d’augmenter la production agricole : il suffit de mieux répartir ce qu’on produit actuellement et de réduire les pertes »

En réalité, si l’on divise la production alimentaire actuelle par la population prévue en 2050, la quantité de calories disponible par personne reste inférieure à la ration moyenne recommandée pour subvenir aux besoins. Et ce, même si l’on prend en compte les pertes de nourriture estimées avant mise à disposition des consommateurs. Ajoutons qu’on ne peut raisonner uniquement en termes de répartition de la production mondiale, sauf à accroître fortement la dépendance de certaines régions vis-à-vis des importations. Dans les prochaines décennies, il faudra donc augmenter sensiblement la production agricole, en particulier en Afrique subsaharienne où la population devrait doubler d’ici à 2050.

Certes, l’objection est connue : c’est la pauvreté qui est la cause principale de la faim. Quand il s’agit de renforcer la sécurité alimentaire, disent certains, l’accès à la nourriture prime sur la disponibilité des productions locales, car on peut toujours recourir aux importations. Mais ce raisonnement omet une donnée fondamentale : la majorité des pauvres dépend de l’agriculture pour vivre. Produire davantage peut leur permettre d’accéder à une alimentation plus abondante, plus nutritive et plus saine et d’acheter aussi d’autres produits et services utiles à leur famille.

« Les biocarburants menacent la sécurité alimentaire : manger ou conduire, il faut choisir »

En réalité, la plupart des études disponibles montre que si les biocarburants ont un impact indiscutable sur les prix des cultures, celui-ci ne représente qu’une part mineure de la hausse des prix alimentaires observée ces dernières années. Le renchérissement du pétrole, la baisse des stocks de grains, les fluctuations des taux de change… en sont les principaux déterminants. Force est de constater que l’augmentation des prix alimentaires internationaux en valeur réelle, depuis le milieu des années 2000, n’a pas infléchi la baisse de la sous-alimentation dans les régions en développement (graphique).

Evolution des prix alimentaires internationaux en valeur réelle
et de la prévalence de la sous-alimentation dans les régions en développement
1/ Indice des prix réels des produits alimentaires déflatés par l’indice des prix des produits manufacturés de la Banque mondiale (2002-2004 = 100)  2/ Prévalence de la sous-alimentation dans les régions en développement (%)
Source : d'après FAO

Certes, l’indicateur de prévalence de la sous-alimentation est loin d’être parfait. Il mesure la faim sur une période d’un an et ne reflète pas l’effet des chocs de prix conjoncturels ; sa valeur moyenne masque l’impact subi par les ménages les plus vulnérables et le niveau préoccupant de l’insécurité alimentaire dans les régions les plus touchées, notamment l’Asie du Sud et l’Afrique subsaharienne. Cependant, comme le souligne la FAO, les variations des prix internationaux des produits alimentaires se transmettent faiblement aux prix à la consommation dans les pays en développement. L’impact de la hausse du prix du maïs américain ou du colza européen liée à la production d’éthanol ou de biodiesel ne doit donc pas être surestimé. Enfin, la surface dévolue aux biocarburants dans le monde a crû rapidement depuis 2000, mais elle est relativement limitée et ne dépasse pas celle consacrée au coton. Bien plus de terres sont « perdues », chaque année, pour les cultures alimentaires du fait de l’expansion urbaine, de la construction d’infrastructures et de la reforestation, qu’à cause des biocarburants. Contrairement aux craintes souvent exprimées, la superficie totale récoltée pour l’alimentation, au niveau de la planète, a progressé depuis dix ans.

Il reste qu’un cadre politique et réglementaire est indispensable pour éviter de graves dommages environnementaux, comme la destruction des forêts primaires, et l’éviction des petits agriculteurs, parfois chassés de leurs terres par des projets agro-industriels. Mais la protection des droits fonciers des paysans s’impose quel que soit le débouché de ces projets, alimentaire ou non alimentaire. Lorsqu’un encadrement politique favorable est mis en place, les biocarburants peuvent profiter aux petits agriculteurs et aux régions défavorisées, comme en témoigne le Programme biodiesel au Brésil.                 

« Il faut augmenter la productivité de l’agriculture, car elle montre des signes inquiétants d’essoufflement »

On ne soulignera jamais assez l’importance cruciale de la productivité, trop souvent confondue avec le productivisme. L’augmentation de la productivité agricole, définie par le rapport entre le volume de la production et la quantité de facteurs de production (terre, travail, capital) mobilisée pour cette production, permet en effet, grâce à la baisse des coûts de production unitaires, d’accroître simultanément le revenu des producteurs et des consommateurs de produits alimentaires. Elle libère en outre des actifs agricoles pour travailler dans d’autres secteurs, théoriquement plus productifs, et constitue ainsi un moteur majeur du développement. De plus, améliorer la productivité est une condition impérative pour rendre les productions locales compétitives avec les produits importés.

Encore faut-il s’entendre sur le terme « productivité ». C’est la productivité totale des facteurs (PTF) qui est l’indicateur idoine pour mesurer l’effet du progrès technique et organisationnel, mais elle est difficile à mesurer et on se rabat souvent sur les productivités « partielles » de la terre et du travail agricoles. Or, si les rendements des cultures stagnent dans certains pays (par exemple le blé en France), on n’observe pas de ralentissement significatif de la PTF dans les différentes régions du monde, même si l’impact potentiel du changement climatique incite à la prudence pour l’avenir. En revanche, l’Afrique subsaharienne souffre de niveaux de productivité particulièrement bas, tant pour les rendements que pour le travail agricole. Aucune amélioration durable des revenus des paysans africains n’est envisageable s’ils ne produisent pas davantage par actif.       

Précisons qu’il est très réducteur de se polariser sur la productivité agricole stricto sensu. Renforcer la sécurité alimentaire implique en fait d’améliorer la productivité globale des filières agroalimentaires. Or il existe un gisement énorme d’efficacité dans les secteurs situés en amont (intrants) et en aval (transport, transformation, distribution des denrées) des exploitations agricoles. Comme l’indiquent les études de l’IFPRI en Asie, lorsque ces secteurs se modernisent, le nombre d’intermédiaires s’amenuise et la part du prix au détail qui revient à l’agriculteur s’élève. En outre, les techniques de conservation des produits alimentaires se perfectionnent, ce qui diminue les pertes.    

«L’intensification conventionnelle n’est pas durable, place à l’agro-écologie»

En réalité, l’amélioration de la durabilité des systèmes de production se joue d’abord dans l’adaptation des techniques d’intensification conventionnelle, plus que dans une hypothétique révolution agricole qui voudrait faire table rase des progrès accumulés depuis la Seconde Guerre mondiale. Il existe de grandes marges de manœuvre pour « verdir » les techniques actuelles de culture et d’élevage, grâce à la généralisation des rotations culturales, la simplification du travail du sol, la mise au point de variétés plus productives (pour un même niveau d’intrants) ou encore une précision accrue des apports d’engrais et de produits phytosanitaires, grâce aux dispositifs satellitaires. La redécouverte de l’agronomie est le signe indubitable d’une plus grande écologisation des systèmes de production, qui ne fait sans doute que commencer. 

Reconnaissons à la fois les impasses d’un productivisme débridé et les promesses d’une intensification conventionnelle renouvelée, qui maîtriserait toujours davantage ses impacts sanitaires et environnementaux. Dans les pays en développement, augmenter de manière raisonnée l’utilisation d’intrants reste une priorité à court terme pour accroître rapidement le revenu des agriculteurs qui en consomment peu, faute de moyens. Cela n’est pas contradictoire avec une réorientation des efforts de recherche-développement en vue de mettre au point des techniques culturales plus innovantes, s’appuyant sur le fonctionnement des écosystèmes et visant à réduire la dépendance des exploitations à l’égard des énergies fossiles. Mais cette réorientation, légitime, risque de ne pas produire ses fruits avant longtemps. Enfin, l’expression «agriculture écologiquement intensive» est insécable : l’enjeu est d’améliorer simultanément les performances économique et environnementale des filières agroalimentaires, sans sacrifier indûment l’une à l’autre. .                     

« Les politiques publiques ont montré leurs limites, au secteur privé d’investir dans l’agriculture »

Les agriculteurs sont les acteurs centraux des filières agroalimentaires. On ne gagnera pas la bataille contre la faim et la pauvreté si les petites et moyennes exploitations n’ont pas les moyens d’investir pour produire plus et mieux et répondre en quantité et en qualité à la demande alimentaire urbaine, en pleine expansion.  

Cette Journée mondiale de l’alimentation nous invite à ne pas nous tromper de cible: le véritable scandale n’est pas que les prix agricoles augmentent, mais que les petits agriculteurs des pays en développement ne puissent pas en tirer parti - faute de crédit abordable pour acheter des intrants, à cause du manque de dispositifs efficaces pour se prémunir contre les aléas ou en raison de leurs difficultés à s’intégrer dans des filières performantes. L’argent est le nerf de la guerre ; les banquiers et les assureurs ont un rôle majeur à jouer pour accompagner la modernisation des agricultures dans les pays les moins avancés. Il en est de même pour les transformateurs agroalimentaires, qui peuvent faire accéder les petits producteurs au marché. Cependant, l’histoire des pays développés le montre : dans ces domaines comme dans d’autres, rien ne se fera sans des politiques publiques fortes, dotées de moyens substantiels et visant à favoriser l’émergence d’exploitations familiales à vocation entrepreneuriale. Des exploitations financièrement robustes, capables de produire et de valoriser leurs productions et de catalyser ainsi durablement le développement.

 


11 commentaire(s)
ah...si votre voix pouvait être entendue plus souvent et plus fortement, nous ne subirions pas ces discours soit accusateurs soit angéliques sur l'agriculture. Merci d'éviter à la France de basculer dans le tout bio, dans les petites recettes genre chasse au gaspi ... ou autres politiques d'isolement.
Ecrit le 16 octobre 2013 par : isabelle Morin imorin@imaste-com.com 2858

Merci pour ce texte synthétique et clair. Je voudrais toutefois revenir sur la question des pertes, qui n'est qu'incidemment évoquée. Les réduire ne suffira pas à résoudre tous les problèmes mais une partie non négligeable: hors gaspillage du consommateur, les pertes sont près de 3 fois supérieures dans les pays en développement par rapport aux pays développés; les capacités de stockage frigorifique sont 10 fois inférieures.... Les réduire grâce à une meilleure conservation du producteur au commerçant améliore la sécurité alimentaire,améliore la productivité et le revenu agricole, incitant à produire davantage et réduit les intrants à quantité agricole produite équivalente: un vrai cercle vertueux.
Ecrit le 16 octobre 2013 par : Didier Coulomb, directeur de l'IIF d.coulomb@iifiir.org 2859

Cher Jean-Christophe, Merci pour cette synthèse largement diffusée en cette journée mondiale de l'alimentation. L'agriculture et l'agro-alimentaire ont encore de grands progrès à accomplir pour faire plus avec moins : progrès agronomique, technologique, économique, organisationnel ....et tout cela passe par un progrès dans la formation des hommes et des femmes sur le terrain. Avec mes meilleures salutations, Francis Declerck Professeur, Département Finance et Institut de Management International Agro-alimentaire de l'ESSEC Business School
Ecrit le 16 octobre 2013 par : Francis DECLERCK, Professeur Institut de Management International Agro-alimentaire de l'ESSEC Business School declerck@essec.fr 2860

Merci pour cet article très instructif et peut-être provocateur. Je souscris entièrement à cet argumentaire pour dire en toute chose qu’il faut relativiser plutôt que dramatiser. Tout en étant d’accord qu’il existe de grandes marges de manœuvre pour « verdir » les techniques actuelles de culture et d’élevage, nul doute que cela nécessite une touche supplémentaire, et donc des coûts (en temps, en argent, en connaissance, etc.) en plus ? Se pose alors la question de savoir comment rendre ces technologies « verdies » accessibles aux petits pauvres paysans qui, par manque de moyens comme vous l’avez su dire, n’arrivent pas à investir convenablement sur les techniques déjà disponibles. La simplification/sophistication par les méthodes satellitaires ne fait-elle pas appel à beaucoup plus de précisions ? Dans les conditions actuelles, ne risquons-nous pas de ne pas pouvoir embarquer les exploitants familiaux des pays en développement (plus concernés et plus exposés), aux politiques publiques très fragiles, dans cette nouvelle aventure ?
Ecrit le 16 octobre 2013 par : Yacoubou Issaka issaka.yacoubou@gmail.com 2861

Oui à l'équilibre qui caractérise ce type de contribution aux débats, oui à la mise en avant de la complexité, oui au ton juste - fait de recul et de modestie -. Pas de posture, pas de leçon, de l'espoir et de l'envie de "crocher dedans", comme on dit dans notre filière des produits aquatiques. Merci.
Ecrit le 16 octobre 2013 par : Benoit VIDAL-GIRAUD, VIA AQUA, Seafood&Prospective benoit.vidal-giraud@via-aqua.fr 2862

Bonjour, Merci pour cette note riche qui vient une fois de plus sonner l'alerte sur la souffrance des agricultures des pays en développement, en particulier des agricultures familiales. Des propositions pour sortir les petits agriculteurs de la précarités sont diverses et multiformes, allant de leur participation immédiate au marché à leur protection contre les méfaits de la globalisation. Il se pose la question de comment des acteurs aussi différents (petits agriculteurs, gros producteurs et grandes entreprises agricoles) peuvent ils participer au même marché ? Comment des paysans sans filet de sécurité sociale (pas de subvention ni d'assurance contre les aléas climatiques), constamment soucieux de l'arbitrage de leurs faibles ressources entre l'alimentation, l'éducation des enfants et la santé peuvent-ils connaitre une réduction durable de leur vulnérabilité à l'insécurité alimentaire ? Le secteur privé pourrait constituer un moyen d'y parvenir à une amélioration de la situation. Toutefois, et comme le montrent l'histoire des agricultures dans le monde, tant que des politiques agricole et alimentaire spécifiques aux réalités des pays ne sont pas clairement définies et adoptées les agricultures des PED souffriront toujours malgré les divers investissements du secteur privé. La réalité montre que ces investissements ne sont pas forcément orientés vers les besoins des pays mais plutôt dirigés vers des secteurs d'exportation. Tant que le "biais urbain" (le fait que le gouvernement ne se préoccuper que des citadins pour une stabilité politique) se perdurera dans les pays de l'Afrique subsaharienne, les agriculteurs resteront encore pour bien longtemps dans ce cercle vicieux. Autrement, ces pays devraient plus que jamais définir leur politique agricole et alimentaire sur laquelle le secteur privé pourra se greffer. Le Sommet de Maputo en 2003 et quelques récents faits (politiques agricoles de la CEDEAO et de l'UEMOA, la montée des Organisations Professionnelles Agricoles) laissent entrevoir de lueurs espoirs même s'il y a quelquefois des contradictions souvent aberrantes (CEDEAO et UEMOA).
Ecrit le 16 octobre 2013 par : Edmond LANKOUANDE edmondlank@yahoo.fr 2863

Merci pour cet article qui enseigne beaucoup, nous avons encore en Afrique de la marche pour aboutir à un progrès en terme de productivité Agricole. Nous devons renforcer la capacité des petites exploitations à produire comme cités dans votre article. Mes honorables salutations, Ambaliou OLOUNLADE Master en Agroéconomie à la Faculté des Sciences Agronomiques de l'Université d'Abomey-Calavi du Bénin
Ecrit le 16 octobre 2013 par : Ambaliou OLOUNLADE, Agroéconomiste à la FSA/UAC-Bénin ambaliou@gmail.com 2864

Journée Mondiale sur l'alimentation, un besoin de clarification : Comment s'est on débrouillé pour la faire tomber le même jours que la Tabaski ?! Forte probabilité d'une faible participation des cadres des pays en développement.. .
Ecrit le 16 octobre 2013 par : Raphaël Beaujeu, IRAM raphael.beaujeu@iram-fr.org 2867

"Rien ne se fera sans des politiques publiques fortes, dotées de moyens substantiels et visant à favoriser l’émergence d’exploitations familiales à vocation entrepreneuriale. Des exploitations financièrement robustes, capables de produire et de valoriser leurs productions et de catalyser ainsi durablement le développement." En Afrique de l'ouest, on dirait que nous n'avons pas compris celà! Il y a une sorte de hold-up des ressources publiques par 1% de la population des pays en Afrique de l'ouest (les agents permanent de l'etat) qui consomme entre 25-35% des budgets de nos Etats sans compter la corruption généralisée comme norme. Et, ce sont eux qui sont chargés de concevoir et mettre en oeuvre les politiques publiques. Dans la plupart de ces pays, il n'y a pas de banque agricole et là où elles existent, les taux d'intérêt avoisinent 15-25%, comment une exploitation agricole peut -elle devenir dinancièrement robuste à ce taux de crédit? Aucune entreprise ne peut survivre à de pareils taux pour des activités dont la rentabilité interne est le plus souvent inférieure à 15% . Politiques publiques fortes? Oui, mais combien de ces Etats en AO sont-ils capables de réguler ne serait-ce que les importations de lait, de farine de blé, de riz, du textile sans se voir réduire l'Appui budgétaire bilatéral et multilatéral? Valoriser leurs productions? Oui, mais comment y parvenir lorsque vous avez l'électricité un jour sur 2 et l'eau courante 2 heures par jour pendant 3-4 mois de l'année? ici encore les Politiques publiques sont en cause! Pour qui connait ces etats, le commerce des produits de premiéres nécessité sont dans les mains des parents, amis, et complices des dirigeants qui n'ont pas intérêt à ce qu'il y ait des politiques de substitution des produits importés par la production nationale. Je ne veux même pas parler de la recherche agricole et de l'accès aux intrants! Alors pour nous l'espoir n'est pas pour le lendemain! Hommage à la fondation FARM et à son Directeur, qui s'élèvent au dessus des discours communs pour toucher là où ça fait mal.
Ecrit le 16 octobre 2013 par : Issifou Dado Doko, Conseiller Dev. Econ. Rural SNV Mali Sikasso idadoko@yahoo.fr 2868

merci pour votre contribution qui m'invite à quelques constats qui cadrent je crois "au besoin de clarification": - l'économie agricole est souvent pensée selon des paradigmes "scientifiques" qui ne prennent pas en compte la capacité de production de connaissances des acteurs locaux en l'occurrence des Paysans et de leurs organisations. J'invite à visiter le site du CNCR pour lire "comment les exploitations familiales peuvent elles nourrir le Sénégal" - le concept de productivité a été abordée avec courage pour poser "l'objet" non pas sous l'angle de la terre (productivité agricole) mais sous l'angle de l'exploitation familiale. C'esy vraiment une veine ouverte pour les chercheurs, les étudiants et les politiques... - la question des ressources naturelles est abordée en plus du "verdissement" dont parle un des lecteurs, sous la perspective de maitrise de l'espace, qui sous entend une dimension aménagement des terroirs et des territoires que les "techniciens" traitent souvent à part .... - l'économie est abordée par les paysans sous l'angle de l'économie locale et globale qui montre à souhait que ce sont les paysans en tant qu'agent économique (production et consommation) qui tirent les économies nationales. ici aussi, il y a de la matière pour les agroéconomistes et économistes innovateurs. - enfin, un concept trompeur mérite clarification: la modernité/moderne/modernisation. il est bon de rappeler que le principal grief qu'on a (à tord) contre l'agriculture familiale en Afrique c'est "son archaïsme et son manque de modernité. QU'EST CE QU'UNE AGRICULTURE MODERNE? Est ce que c'est ce que DEBOUVRY nommait la "motochimisation?" Je défis quiconque de montrer à travers des critères pertinents que l'agriculture familiale ne se modernise pas: équipement mécanique? Utilisation d'intrants chimiques? utilisation d'amendements organiques? INSERTION AU MARCHE? utilisation de matériel génétique amélioré? Consommation? Transformation des produits agricoles? investissements? Etc. Il me semble que les analyses sont souvent légères dans ce domaines et sclérosées par des "manières de penser" dogmatiques. Il faut se libérer et construire d'autres paradigmes qui correspondent à l'évolution actuelle des agricultures. Les solutions FACILES A MODE sont d'inviter les INVESTISSEURS PRIVES (en général de l'hexagone) de venir investir dans nos agricultures. On ne cherche pas à se poser la question CENTRALE de savoir " COMMENT FAIRE POUR QUE LES EXPLOITATIONS FAMILIALES AIENT LA CAPACITE DE MIEUX INVESTIR DANS LES PRODUCTIONS AGROSYLVOPASTORALES". A l'évidence, c'est trop demander à nos scientifiques et responsables politiques. C'est tellement plus facile de vendre la terres des ruraux. En tout cas des exemples probants de partenariat existent (tomate industrielle au Sénégal, etc.). merci encore pour votre contribution.
Ecrit le 17 octobre 2013 par : PAPE MAR mar_ngom@yahoo.fr 2865

5 chapitres ouverts d'idées reçues et offertes, 10 commentaires, tous à poursuivre 5 ans après !
Allez FARM !
Ecrit le 7 octobre 2018 par : j-m bouquery 3648

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