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Prospective « Agriculture 2013 », INRA : des déterminants du contexte mondial agricole communs aux agriculteurs du Nord et du Sud
Les résultats présentés par l’INRA mettent en avant les déterminants actuels du contexte mondial, sujet commun à l’Union européenne (UE) et aux pays en développement (PED). Ils rappellent que le contexte agricole est en train d’évoluer et que cette évolution est au centre d’un nombre croissant de débats. Les résultats sont issus d’une prospective sur l’avenir de l’agriculture européenne et française à l’horizon de 2013, année de la prochaine réforme annoncée de la Politique Agricole Commune (PAC) européenne. Il est intéressant de constater que les questionnements soulevés par un exercice initialement destiné aux acteurs français et européens s’adressent également aux agricultures des pays en développement.
Plan :
1. Un exercice de prospective analysant le contexte et les enjeux futurs de l’agriculture
2. Une modification de l’équilibre entre offre et demande mondiales qui touche les agricultures du Nord et du Sud
1. Un exercice de prospective analysant le contexte et les enjeux futurs de l’agriculture
Le projet « Agriculture 2013 » a pour objectif premier d’examiner les enjeux de la Politique Agricole Commune (PAC) européenne en 2013. Pour répondre à cet objectif, l’INRA, avec le soutien du Crédit Agricole et de Groupama, a mené une réflexion sur le cadre économique, commercial et environnemental européen et mondial ainsi que sur les tendances lourdes et les incertitudes majeures qui le caractérisent. C’est dans ce sens que ce travail peut interpeller les pays en développement.
Méthode :
La première étape a été d’identifier les déterminants dont dépendent l’évolution de la demande mondiale en produits agricoles et l’orientation des prix agricoles. Les déterminants sélectionnés sont :
la demande alimentaire mondiale ; la demande de produits agricoles destinés à des usages non alimentaires ; les règles du commerce international ; les politiques agricoles.
Des hypothèses ont été formulées sur l’évolution de chacun des déterminants. Des scénarios ont été construits en combinant ces hypothèses. Les effets engendrés par chacune des hypothèses et des combinaisons d’hypothèses ont été modélisés et évalués par des comités d’experts. Enfin, les résultats sont analysés en termes d’enjeux pour l’agriculture et de facteurs qui ont le plus d’influence sur la situation agricole.
Trois scénarios ont été retenus :
1. « le pas » : croissance économique faible au niveau mondial, y compris dans les pays émergents. Dans ce contexte, les préoccupations environnementales n’évoluent pas et la PAC est maintenue dans son état actuel. Deux alternatives pour ce même scénario ont été retenues : échec du cycle de Doha et accord modéré (selon la proposition européenne d’octobre 2005).
2. « le trot » : la croissance économique mondiale se maintient selon les tendances actuelles. Les mesures de protection de l’environnement sont renforcées. La PAC est réformée (suppression du mécanisme d’intervention, découplage total des aides, transfert vers le deuxième pilier, avec ou sans support spécifique de l’élevage herbivore). Dans ce scénario aussi les deux alternatives concernant le cycle de Doha sont retenues.
3. « le galop » : la croissance économique mondiale s’accélère, grâce au développement soutenu des pays émergents. Cette croissance crée des tensions sur les prix des matières premières, agricoles et non agricoles. Les préoccupations environnementales restent celles actuelles et n’augmentent pas face aux préoccupations dues à la concurrence entre approvisionnement alimentaire et les usages non alimentaires des produits agricoles. Dans ce contexte, le cycle de Doha aboutit à un accord modéré.
2. Une modification de l’équilibre entre offre et demande mondiales qui touche les agricultures du Nord et du Sud
Un des intérêts de la prospective menée par l’INRA est de dégager des éléments de rupture par rapport au contexte agricole du début des années 2000. Ces éléments s’appliquent au niveau mondial et concernent donc aussi bien les agricultures du Nord que celles du Sud. L’élément de changement principal est la modification de l’équilibre entre l’offre et la demande de produits agricoles. La valeur du rapport [offre agricole] sur [demande solvable (alimentaire et non alimentaire)] diminuera dans les prochaines années. La demande solvable va augmenter d’une part sous l’effet de la croissance économique des PED et d’autre part suite à la hausse de la demande en biocarburants. Toutefois, il faut remarquer que la demande en biocarburants est essentiellement une demande politique. Il est possible qu’elle face à un affaiblissement de la volonté politique. La hausse actuelle des prix agricoles est probablement un élément d’une fluctuation de grande amplitude des prix, cette fluctuation étant entre autre liée aux jeux d’anticipation et de spéculation des acteurs.
Face à ces éléments de contexte, se posent plusieurs questions, qui concernent aussi bien les agricultures du Sud que celles du Nord : Si la demande en biocarburants reste forte, des tensions entre demande alimentaire et non alimentaire vont se développer, éventuellement au détriment des plus pauvres. Quelles politiques doivent être mises en œuvre pour diminuer ces tensions ? Dans les pays en développement se pose la question supplémentaire du financement de ces politiques. Si la hausse des prix agricoles dénote une plus grande instabilité des prix agricoles, quels outils faut-il mettre en place pour limiter l’impact des fluctuations sur les agriculteurs ? D’autant plus que cette grande variabilité des prix s’inscrit dans un contexte où les revenus des agriculteurs sont de plus en plus directement liés au cours mondiaux.
La totalité des résultats de la prospective « Agriculture 2013 » sont disponibles à l’adresse :
http://www.inra.fr/internet/Unites/unite-prospective/
