Mobiliser les OPA pour l’appui-conseil et la formation professionnelle agricole aux irrigants marocains
Quels sont les rôles des organisations professionnelles agricoles dans les services de formation professionnelle et d’appui-conseil pour les petites et moyennes exploitations agricoles des périmètres de grande hydraulique au Maroc ? Tel était le thème de l’atelier multi-acteurs qui s’est tenu à l’Ecole nationale d’agriculture de Meknès le 17 septembre dernier qui a réuni une trentaine de participants d’origines diverses (OPA, services agricoles de l’Etat, secteur privé, recherche, bailleurs de fonds).
Cet atelier s’inscrit dans le cadre du partenariat initié entre le Comité d’orientation scientifique et technique sur l’eau agricole (COSTEA), la Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde (FARM) et le Réseau Formation agricole et rurale (FAR), qui ont mutualisé leurs moyens et leurs compétences pour étudier ce que produisent les dispositifs de formation professionnelle portées par les Organisations professionnelles agricoles (OPA) marocaines et comment ils interagissent avec les autres acteurs (Etats, entreprises, etc.).
Deux dispositifs de formation portés par deux OPA de la région du Tadla-Azilal ont été étudiés en détail par un étudiant en Master de l’Institut des régions chaudes de Montpellier entre les mois de mai et septembre 2015. L’objectif de l’atelier était d’une part de restituer les résultats préliminaires du travail de l’étudiant et de créer un espace de dialogue, d’échange et de partage d’expériences entre divers acteurs impliqués dans l’agriculture en périmètres irrigués.
A l’écoute des diverses interventions au terme de la journée, on peut sans conteste affirmer que cet objectif a été atteint : les discussions se sont déroulées de manière ouverte entre les divers participants, qui déclarent unanimement souhaiter les poursuivre. Des pistes de réflexion pour répondre à la question de l’atelier ont bien été émises, il reste à les concrétiser, ce qui était ambitieux en une journée :
- Une démarche d’ingénierie de formation et de conseil est indispensable pour optimiser l’impact des formations : identifier les besoins en formation, la mettre en œuvre et l’évaluer. Cette démarche doit prendre en compte les spécificités pédoclimatiques et sociales locales pour être au plus proches des besoins des agriculteurs. Ce qui implique des phases de diagnostics et d’échanges avec eux.
- La conception de systèmes d’irrigation économes en eau ne doit pas se contenter de la diffusion du goutte-à-goutte mais doit aussi concerner la gestion collective de l’eau. La participation des agriculteurs à la conception même des formations et aux choix techniques à opérer en termes d’irrigation sont des préalables
- Les agriculteurs et leurs organisations ne connaissent pas bien les politiques publiques et de leur stratégie d’intervention ce qui limite leurs capacités d’interactions.
- Un fort besoin de concertation entre acteurs au niveau local, régional et national. L’atelier a démontré la perplexité des agriculteurs vis-à-vis de la distribution des rôles des différents acteurs, peu claire en cette phase de changements. Ce manque de clarté ne participe pas à renforcer la confiance entre acteurs qui se trouverait également fortifiée par des contacts plus réguliers et plus fréquents. La participation des agriculteurs à la gouvernance des dispositifs de formation apparaît aussi primordiale.
- Le renforcement de capacités est nécessaire pour que les acteurs adoptent des postures qui soient celle de l’échange, de l’accompagnement plutôt que celles de la transmission ou la diffusion.
- La prééminence pour les agriculteurs des questions économiques. Avant tout, et au-delà des questions de formation ou de conseil, les agriculteurs ont fait ressortir l’importance du financement de leurs activités agricoles, des coûts de production et de la commercialisation de leurs produits.
- La formation est à penser en complémentarité de la panoplie des autres services à l’agriculture : financement, équipement (notamment en matériel d’irrigation), commercialisation, etc. Elle peut aussi elle-même servir ces autres services. Par exemple, au-delà des subventions de l’Etat pour de l’équipement au goutte-à-goutte, il faudrait financer l’accompagnement technique des agriculteurs à sa mise en œuvre.
Publié le : 6 novembre 2015