Accueil FARM
rss LinkedIn Facebook Twitter Youtube Abonnement/Subscribe

Accueil > Thématiques > Financement et gestion des risques

ODM 2015 = Objectif : la Durabilité de la Micro-finance ?

Forum Convergences 2015 (Hôtel de Ville de Paris – 25 et 26 mai 2010) : le forum organisé par ACTED, l’AFD et le Crédit Coopératif a été articulé autour du rôle de la micro-finance et de l’entrepreneuriat social dans l’atteinte des Objectifs du Millénaire. Fabrice Larue, chef de projet Financement et gestion des filières en fait le compte-rendu.

La micro-finance en quête de maturité

- Certaines réalités concernant l’efficacité de la micro-finance ont été rappelées de lors ce forum. La micro-finance ne peut se développer que dans un environnement où s’exerce une activité économique. Comme il s’agit d’un commerce faisant intervenir de l’argent, les pouvoirs publiques doivent être impliqués et assurer un climat juridique et de stabilité suffisant. Enfin, l’activité de micro-finance ne peut être pérenne sans des taux de remboursement exemplaires.
- Il semble d’autant plus important d’observer une rigueur dans les mécanismes de fonctionnement de la micro-finance, que ses liquidités sont très limitées, contrairement à ses coûts de fonctionnement qui sont encore assez peu optimisés.
- Les intervenants, notamment le représentant de l’AFD, ont également rappelé que la micro-finance ne pouvait assurer seule le développement territorial et son action doit être conjuguée à celles du développement de la formation des acteurs et celui des infrastructures.
- La micro-finance ne se résume pas non plus au micro-crédit. Le micro-épargne ainsi que le développement de la micro-assurance sont des composantes essentielles à la viabilité des organisations de micro-finance.
- Le champs d’action de la micro-finance doit également être bien délimité. En effet, la micro-finance ne semble pas s’adresser à des populations extrêmement pauvres, qui ne peuvent pas développer d’activités économiques. Les dons et d’autres mécanismes sont plus adaptés.

Le financement des TPE et des PME

Même si le développement mondial de la micro-finance stagne pour la première fois de son histoire, les institutions de micro-finance semblent vouloir s’orienter de plus en plus vers le financement des Très Petites Entreprises (TPE) et des Petites Entreprises, dont les besoins en liquidité se situent respectivement entre 1 000 – 2 000 euros et 20 000 euros, annuellement. Dans ce secteur d’activités, la limite principale n’est pas celle du manque de liquidités des institutions de micro-finance mais leur aversion au risque et un certain déficit de connaissances dans le développement et la gestion financière des entreprises. Par contre, la problématique de la disponibilité des liquidités se présente lorsque ces institutions tentent de pénétrer le secteur des entreprises de taille moyenne. Dans ce marché, des fonds de capital-risque ainsi qu’un certain nombre d’acteurs de la coopération comme l’AFD à travers sa filiale Proparco, la SIDI, ainsi que des organisations d’investissements privés et à caractère solidaire sont en train de mener quelques expériences en Afrique. L’appui s’effectue sous la forme de prise de possession d’une partie du capital. La rémunération est assurée par la perception des intérêts dans le cas où des prêts sont consentis à l’entreprise et par le versement de dividendes dans certains cas. La SIDI pour sa part reconnaît des échecs, dans l’appui au rapprochement de coopératives de producteurs agricoles et d’institutions de micro-finance, qui l’ont motivés à cibler les PME. Désormais la SIDI appuie la structuration d’un autre maillon de la chaîne de valeur, comme des transformateurs ou des distributeurs, qui permettra de futurs débouchés pour les organisations de producteurs.

Dans ce cadre, l’AFD rappelle les conditions de succès, à savoir le développement de la culture de la transparence, la normalisation du reporting dans les PME ainsi que le développement de centrales de risques. L’AFD insiste sur l’importance du développement de nouveaux outils de financement en Afrique, notamment en termes de pénétrations de marchés.

Investisseur et Partenaire pour le Développement (I&P) qui ont pris possession dans le capital d’environ 23 entreprises en Afrique rappelle ses conditions de partenariat. Les entreprises doivent être en mesure de présenter des budgets bancables. Elles doivent rédiger des plans d’affaires solides et recourir à la contractualisation systématique avec leurs fournisseurs. I&P demande également de faire partie du conseil d’administration de l’entreprise, tout en apportant son appui technique en matière de comptabilité et de compréhension financière des données de l’entreprise. La prise de participation est d’une durée de 5 à 7 années maximum et les conditions de retrait bien que multiples ont été encore assez peu expérimentées.

La coopération décentralisée n’a pas encore misé sur la micro-finance

Pour sa part, la coopération décentralisée reconnaît avoir délaissé le secteur de la micro-finance. Elle semble vouloir se concentrer sur les métiers de la gouvernance, qui sont la spécialité des régions, des départements et des municipalités qui s’engagent dans un partenariat de coopération décentralisée. En France, les partenariats de cette nature seraient au nombre de 6000. Ils reposent majoritairement sur des dons. Par contre, la micro-finance leur apparaît comme étant un outil complémentaire à leurs actions en cours mais ne doit pas devenir l’activité centrale du développement de leurs partenariats. Enfin, les structures françaises disent répondre à des demandes des partenaires du sud qui réclament majoritairement des appuis en termes de développement d’activités économiques. Au Sénégal par exemple, 300 000 personnes sortent des structures de formation par année alors qu’il n’existe au plan national que 300 000 emplois salariés dans le secteur formel. Les besoins en termes d’emplois seront grandissant dans le futur, dans ce pays et dans beaucoup d’autres pays africains. Fait également nouveau, souligné par la représentante du gouvernement sénégalais, les montants des transferts des migrants qui représentent environ 1/3 du budget national de l’État, sont directement affectés par la crise économique. Elle souligne que des transferts commencent à s’effectuer du Sénégal vers les pays où vivent les migrants témoignant des difficultés grandissantes que vivent ces personnes habituellement mieux nanties.

L’investissement du secteur de l’entrepreneuriat social par les multinationales

La table ronde qui a eu lieu sur le thème de l’entrepreneuriat social confirme une tendance lourde de l’implication grandissante du secteur privé dans le domaine de la solidarité nationale et internationale. Les représentants de BNP Paribas, de Danone, de Essilor et du Groupe GDF SUEZ ont exposé l’historique et les résultats de certains projets qu’ils mènent depuis plusieurs années. Tous convergent vers l’idée que les entreprises privées doivent tenter d’intervenir dans le secteur d’activité dans lequel elles sont spécialisées. La notion du délai d’intervention semble centrale dans l’efficacité et la réussite des projets. Ils ont souligné quelques échecs dus à leurs désirs de dupliquer trop rapidement des expériences concluantes. « Il faut que les populations s’approprient les projets  » rappelle le représentant de BNP Paribas. Pour le représentant de Essilor, « Ce qui marche, ce sont les petits pas ». Il semble important de ne pas faire de compromis en terme d’ efficacité de l’appui, notamment pour les expériences d’entrepreneuriat social qui doivent chercher la rentabilité, mais parallèlement développer des indicateurs qualitatifs. Ils ont remarqué que le don simple, lorsqu’il répond à un élan qui n’est pas concerté avec les populations qui vont en être les bénéficiaires peut avoir des effets destructurants. Les entreprises qui s’impliquent depuis quelques années dans le domaine de l’entrepreneuriat social accumulent des expériences qui leur permettent de mettre en place des appuis de plus en plus adaptés.

Liens utiles

- Site officiel du Forum des Convergences 2015 : http://www.convergences2015.org/Acc...
- pour toute précision ou commentaire, vous pouvez écrire à Fabrice Larue

Publié le : 3 juin 2010

Pied de page Contact Sites Web Plan du site Mentions légales
Footer Version à imprimer recommander