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Session régionale Afrique du Forum Mondial de l’Eau

UNE VISION POLITIQUE FORTE, DES CHANGEMENTS D’ECHELLE MAJEURS NECESSAIRES DANS LES INFRASTRUCTURES


La session régionale Afrique avait pour but d’identifier les priorités régionales et les solutions qui pourraient être mises en œuvre pour les traiter.

Les principaux messages ont été les suivants :

Les engagements doivent être tenus : de nombreux engagements ont été pris sur l’eau par les gouvernements africains en 2008, en particulier sur l’eau pour l’agriculture et l’énergie. Il est maintenant appelé à traduire ces engagements dans le concret.

Les besoins en infrastructures sont considérables et ont été revus à la hausse, en particulier pour les équipements de stockage de l’eau pour l’agriculture et l’énergie. Ces ouvrages seront déterminants sur l’impact du changement climatique en Afrique, où la problématique principale concerne la faible capacité d’adaptation.

• S’agissant de l’eau pour l’agriculture, il a été rappelé la nécessité d’intensifier les systèmes pluviaux et irrigués. La petite irrigation et l’accès aux marchés locaux sont des priorités.

PRESENTATION DU RAPPORT REGIONAL AFRIQUE

Télécharger le rapport complet sur la région Afrique (pdf, 2,35 Mo)

RESUME DU RAPPORT

1. Un message clé : tenir les engagements


Ce rapport régional a été élaboré selon un processus participatif avec le soutien de la Banque Africaine de Développement. Il a été validé par le Conseil des Ministres Africains de l’Eau (AMCOW).

Les objectifs de ce rapport sont dans la lignée de ceux exprimés en 2000 dans la vision de l’eau en Afrique 2025 (Africa Water Vision 2025), qui souhaitait en 2025 l’atteinte d’une gestion et d’une utilisation durable et équitable de l’eau, se traduisant notamment par :

• des taux d’accès à l’eau potable et l’assainissement de 75% et 70% respectivement en 2015,

• un doublement des surfaces irriguées d’ici 2025.

Par ailleurs l’année 2008 a vu plusieurs engagements politiques majeurs : eThekwini (assainissement), Tunis (sécurité de l’alimentation en eau), Syrte (eau, agriculture et énergie) et Charm el-Cheikh (eau et assainissement). Le document régional a donc pour but de proposer des pistes pour la réalisation concrète de ces engagements.

2. Perspectives africaines sur la sécurité en eau

- Changements globaux et gestion des risques : les impacts du changement climatique toucheront l’Afrique particulièrement concernant la sécurité alimentaire, la gestion de l’eau et les évènements extrêmes (sécheresses, inondations). Par ailleurs l’Afrique a une faible capacité d’adaptation au changement climatique, ce qui implique une vulnérabilité accrue et un nombre de victimes de désastres plus important que dans le reste du monde. Les problèmes liés à la variabilité climatique influent directement sur la sécurité en eau de la région.

- Objectifs du millénaire pour l’eau et l’assainissement : la plupart des pays sont en retard sur l’atteinte des objectifs. Ainsi en 2006 le taux d’accès à l’assainissement était de 31% pour l’Afrique sub-saharienne, alors qu’un taux de 50% en 2006 était nécessaire pour être dans les temps par rapport à l’atteinte des objectifs du millénaire en 2015. Ces taux sont respectivement de 58 et 65% pour l’eau potable , secteur pour lequel l’Afrique est la seule région du monde en retard par rapport aux objectifs.

Le peu de liens entre l’eau, l’assainissement et l’hygiène a notamment été noté comme une limite importante dans les programmes. Cependant des progrès importants ont été réalisés, notamment dans le secteur rural au Burkina Faso, Ghana et Ouganda, et peuvent contribuer aux nécessaires changements d’échelle. On note que 29 Partenariats Publics Privés ont été signés dans le secteur de l’eau depuis 20 ans, touchant 26 millions de personnes.

- Eau et croissance économique : le principal défi en Afrique est la mise en place d’infrastructures de stockage et d’institutions appropriées pour l’eau qui pourront accélérer la croissance. En effet la croissance prévue en Afrique est de 6%, ce qui correspond à une situation économique meilleure que lors des 50 dernières années, mais une croissance à deux chiffres serait en réalité nécessaire pour réduire significativement la pauvreté et la faim.

Or l’Afrique perd 5% de son PIB à cause du manque d’accès à l’eau et l’assainissement, entre 5 et 25% à cause des sécheresses et inondations, et peut-être à l’avenir 5% par les impacts du changement climatique.

Ainsi les potentialités existantes doivent être exploitées dans les secteurs clés de l’agriculture et l’énergie. Seulement 3% des terres cultivables sont irriguées. Par ailleurs seulement 7% du potentiel hydroélectrique est développé.

Etant donné les limitations en termes de terres, les systèmes agricoles pluviaux et irrigués doivent être intensifiés. Des politiques publiques pourraient cibler l’autosuffisance alimentaire dans les pays qui importent plus de la moitié de leur consommation en céréales (zone soudano-sahélienne notamment). Ces politiques doivent prendre en compte le développement des ressources en eau.

Les investissements publics et l’aide publique au développement pourraient être dirigés vers la petite irrigation, l’augmentation de la productivité des surfaces en pluvial et le développement des marchés locaux. Ces axes ont un impact fort sur la sécurité alimentaire et l’adaptation au changement climatique.

- Gestion des ressources en eau et coopération transfrontalière : L’Afrique compte 63 cours d’eau transfrontaliers. Par ailleurs les aquifères transfrontaliers sont très étendus et encore mal connus. Dans ce contexte les efforts de coopération régionale sont déterminants, en particulier pour la mise en place d’infrastructures et le partage des bénéfices associés.

Les infrastructures de stockage doivent être développées. L’eau stockée représente 50 m3 par personne en Afrique contre 3 500 en Europe. Actuellement 130 nouveaux barrages sont prévus ou en construction en Afrique. Ils concerneront plusieurs usages (eau potable, irrigation, énergie).


Les ressources en eau souterraines sont cruciales en Afrique, pour l’approvisionnement en eau des populations et l’agriculture. Or ces ressources sont mal connues et font l’objet de peu d’attention dans les législations et les investissements.

- Gouvernance et gestion : le droit à l’eau est présent dans les législations nationales mais la traduction concrète est peu visible, à l’exception de quelques pays (Afrique du Sud). L’implication du secteur privé doit être renforcée, et se concentrer sur les activités de gestion du service, tandis que le secteur public restera moteur pour l’investissement dans les infrastructures. Le secteur privé local (petites entreprises) joue un rôle prépondérant en particulier dans les zones rurales.

Les besoins sont importants pour le renforcement des capacités, notamment vis-à-vis du nombre insuffisant de professionnels et l’implication trop faible des usagers de l’eau. Dans cette perspective l’Association Africaine de l’Eau a fondé l’Académie Africaine de l’Eau consacrée au développement du leadership et la gestion du changement.

- Financement : les besoins en investissement en Afrique pour atteindre les objectifs de la Vision Africaine sur l’Eau ont été revus à la hausse. Les estimations s’élèvent maintenant à 50 milliards de dollars par an pendant 10 ans, soit beaucoup plus que les 20 milliards prévus en 2000. Cette augmentation provient d’une révision des besoins pour les infrastructures pour l’agriculture, l’énergie et la gestion des risques (les besoins pour l’eau et l’assainissement ne variant pas significativement). Les principaux besoins en financement concernent :

1. L’hydroélectricité : 20 milliards de dollars par an,

2. L’eau potable et l’assainissement : 12 milliards,

3. L’eau agricole : 5 milliards.

- Connaissance et information : la production d’information reste insuffisante. En particulier les réseaux actuels de collecte de données hydrologiques ne permettent pas de fournir un niveau d’information approprié pour l’aide à la décision, par exemple sur le sujet clé de l’adaptation au changement climatique. Les centres d’excellence nationaux et régionaux doivent être mobilisés.

3. Recommandations

- Engagement politique et initiatives régionales :

• Nouvelle impulsion aux programmes en cours notamment l’initiative pour l’alimentation en eau et l’assainissement en milieu rural (IAEAR) et la Facilité Africaine sur l’Eau (FAE),

Suivi de l’application de la déclaration d’eThekwini et du plan AfricaSan, notamment l’élaboration de politiques d’assainissement et d’hygiène,

Mobilisation urgente des ressources annoncées pour la petite irrigation en réponse à la crise alimentaire,

• Lancement par l’AMCOW d’un mécanisme d’évaluation par les pairs.

- Changement climatique et adaptation : acquisition de connaissances et renforcement des capacités d’adaptation en lien avec des stratégies nationales et régionales.


- OMD pour l’eau et l’assainissement : préparation de plans nationaux, priorisation de l’eau et de l’assainissement dans les stratégies de réduction de la pauvreté, renforcement du suivi et de l’évaluation. 60% des investissements à réaliser concernent le milieu rural et environ 75% l’assainissement. Ils doivent être reliés aux 3 sources de financement - 3T : taxes, tarifs, transferts. La réforme des services publics implique notamment le ciblage des petits opérateurs de l’eau.

- Eau pour l’agriculture :

Politiques publiques et institutions : traduire les engagements en investissements (notamment la déclaration de Maputo), établir les liens entre agriculture et développement en Afrique de manière plus précise, planifier à 10 ans la stratégie alimentaire des pays, la mise en œuvre des financements annoncés dans les déclarations relatives à la crise des prix agricoles.

Actions opérationnelles : développement de la petite irrigation comme priorité pour l’intensification de la production agricole en réponse à la hausse des prix, mais aussi réhabilitation et expansion des systèmes d’irrigation y compris de grande échelle (barrage), identifier les partenariats permettant un réengagement en faveur de l’eau pour l’agriculture, notamment les partenariats publics-privés, le recouvrement des coûts d’exploitation et de maintenance des systèmes irrigués doit être assuré en lien avec les filières.

- Eau pour l’énergie : construction de plus de 130 barrages prévus et en cours de construction, optimisation des règles d’exploitation des réservoirs.

- Gestion des ressources en eau et coopération transfrontalière : développement et optimisation des structures de stockage de l’eau, en particulier pour l’eau agricole avec une amélioration des connaissances sur cet usage agricole, poursuite des actions en faveur d’accords de partage des ressources en eau, meilleure utilisation des eaux souterraines, pluviales et de réutilisation de l’eau.

- Gouvernance et gestion : soutien aux structures décentralisées, aux collectivités non desservies, mesures spécifiques pour les femmes et les jeunes.

- Financement : faire évoluer les stratégies financières vers l’eau pour l’agriculture, l’énergie et le stockage de l’eau, réalisation des objectifs de la déclaration de Maputo, qui prévoyait de faire passer à 10% la part des budgets nationaux consacrés à l’agriculture entre 2003 et 2008 et qui ne sont pas atteints malgré des progrès, associer des engagements sur l’eau agricole aux contributions des partenaires de développement sur l’eau et l’assainissement, mise en œuvre des financements annoncés dans les déclarations relatives à la crise des prix agricoles, réalisation d’une étude par la BAfD sur le rôle de l’eau dans le développement économique en Afrique, organisation de la 2ème conférence de l’Initiative sur l’eau et assainissement rural (IAEAR).

- Connaissance et information : ciblage des gouvernements locaux et de la société civile, établissement de centres d’excellence.

LES AUTRES PRESENTATIONS DE LA SESSION AFRIQUE

Une présentation au nom de l’AMCOW a rappelé l’ampleur des défis à relever pour l’eau en Afrique :

L’eau stockée est de 50 m3 par personne et par an en Afrique, et de 3 500 en Europe,

600 000 enfants meurent chaque année du fait de maladies liées à l’eau et l’assainissement,

• Pour atteindre les objectifs du millénaire en Afrique, il faudra donner un accès à l’eau potable à 33 millions de personnes par an jusqu’en 2015, et à 45 millions de personnes pour l’assainissement. 26 pays africains sont en route pour atteindre les objectifs pour l’eau potable, seulement 6 pour l’assainissement.

Loïc Fauchon, président du Conseil Mondial de l’Eau, a insisté sur la nécessité de trouver des solutions spécifiques à l’Afrique sur :

• Le droit à l’eau,

• Le financement, en rappelant les paramètres du budget des ménages et l’influence du prix de l’énergie,

• Les institutions,

• Le transfert de technologies.

Publié le : 27 août 2009

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