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Conférence prix agricoles : nouvelles quotidiennes

La conférence organisée par Pluriagri, FARM, l’IGPDE et le CSAAD a réuni 280 personnes à Paris autour des prospectives de prix agricoles mondiaux et des mécanismes de gestion des risques agricoles. Les participants provenaient de 50 pays différents, ce qui a favorisé un débat et un échange de vues constructifs.

- Les nouvelles du 15 décembre
- Les nouvelles du 16 décembre

Pour avoir le détails des interventions, consultez les présentations des intervenants et les documents disponibles

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Accueil des participants

15 DECEMBRE

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Christian de Boissieu et Jean-Christophe Debar

Les politiques publiques de soutien des biocarburants ont un impact fort sur les prix

Les marchés des matières premières agricoles sont très liés au marché du pétrole, en particulier au travers de la demande en biocarburants. Cette demande dépend fortement des objectifs d’incorporation fixés par les Etats, ces objectifs soutenant plus ou moins fortement la demande. Les niveaux de ces objectifs restent une des principales inconnues pesant sur les projections du FAPRI (Food and Agricultural Policy Research Instiute).

Des prix élevés et volatils dans les 10 prochaines années

A partir de ces éléments, le FAPRI prévoit le maintien des prix des matières premières agricoles à un niveau élevé, ceci étant lié à un prix du baril de pétrole prévu autour des 80 dollars dès 2010. De plus, les prix devraient rester volatils et ce d’autant plus que la demande en biocarburants reste importante. Cette demande, et la tension qu’elle peut créer sur les marchés, semble être à l’origine d’une partie au moins de la forte volatilité des prix.

Une hausse de la demande, une baisse de l’offre et surtout des stocks faibles

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Jacinto Fabiosa

Dans la première partie de son exposé, Jacinto Fabiosa a étudié les causes de la hausse des prix agricoles qui a eu lieu entre 2006 et l’été 2008. L’intensité des variations des prix agricoles mondiaux, et en particulier de leur hausse de cet été, s’explique par une baisse de l’offre face à une augmentation de la demande dans un contexte de stocks faibles. Cette faiblesse des stocks a accentué les effets du choc de l’offre. La propagation de la hausse des prix aux différentes cultures est expliquée principalement par des contraintes fortes dans la disponibilité des terres.

Les biocarburants ne sont à l’origine que d’une faible partie de la hausse des prix agricoles internationaux

Dans leur exposé, Yves Dronne et Alexandre Gohin (Institut National pour la recherche agronomique) ont poussé l’analyse de la hausse des prix plus loin, en s’intéressant en particulier à l’étude de la part des différentes causes dans la hausse et la flambée des cours internationaux des matières premières agricoles. L’originalité de l’étude qu’ils ont réalisée pour le compte de Pluriagri réside dans l’évaluation simultanée du rôle de différents déterminants : variations de surface, de rendement, des stocks, de la demande qu’elle soit pour la consommation humaine, animale ou énergétique. La situation qui est peinte est complexe :

- pour un même produit l’importance relative de chaque déterminant varie d’une campagne agricole à l’autre ;
- toute modification de l’offre, qu’elle soit due à une variation des surfaces, des rendements ou des stocks, a toujours un impact fort sur les cours internationaux, quel que soit le produit considéré et quelle que soit l’évolution des autres déterminants ;
- les demandes humaine et animale ont un impact assez constant sur les cours internationaux. En effet, l’évolution de la population et du revenu par habitant est constante au niveau mondial ;
- l’impact des biocarburants varie selon les produits mais reste généralement modéré par rapport à celui de la demande alimentaire.


Lionel Fontagné a apporté des éléments critiques d’ordre technique en jouant son rôle de discutant.

John Bensted-Smith (Commission européenne, direction Analyses économiques et évaluations) a présenté les prospectives de prix sur lesquelles la Commission s’appuie : des prix qui en moyenne devraient remonter après une phase de faiblesse relative qui pourrait se prolonger jusqu’en 2011. Il a retracé les éléments explicatifs du bilan de santé de la PAC tout en rappelant qu’il est trop tôt pour conclure sur la PAC du futur, entre autre parce que l’accord politique sur le bilan de santé vient d’être obtenu au Conseil.

Des outils à mettre en place pour une meilleure gestion des risques agricoles

L’après-midi s’est terminée sur une table ronde regroupant Xavier Beulin, Jacques Carles, Philippe Chalmin, Pierre Jacquet, Maximo Torero, Pascal Van Nieuwenhuise et Jean-Christophe Debar autour de la question des politiques agricoles à développer dans le nouveau contexte international. Les débats mettent l’accent sur les coûts économiques et sociaux de la crise alimentaire qui a résulté d’un mauvais ajustement de l’offre et de la demande agricoles. Ce sont les avantages et inconvénients des politiques conjoncturelles et en particulier de gestion des risques qui sont les plus discutées, en se basant entre autre sur les outils originaux mis en place au Canada autour d’une « gestion des risques pro-active ».


16 DÉCEMBRE

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Erik Orsenna

Les débats du 16 décembre ont été introduits par Erik Orsenna, membre de l’Académie française et vice-président de FARM. 

Benoît Daviron, économiste du CIRAD, présente ensuite l’étude sur les mécanismes de la transmission de la hausse des prix des produits agricoles dans les pays africains, commandée par FARM. Le renchérissement des matières premières agricoles entre 2006 et l’été 2008 invite à se poser plusieurs questions : quelle part des fluctuations des prix internationaux se transmet aux marchés africains ? Cette transmission touche-t-elle de la même façon les producteurs et les consommateurs ? Au bout de combien de temps les variations sont-elles transmises ?

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Benoit Daviron

L’étude met en avant les observations suivantes :
- de 1994 à 2007, les variations des prix des céréales au port d’importation sont plus faibles que celles des prix internationaux : l’importation a un "effet stabilisant" sur les prix des céréales ;
- mais la hausse de 2007/2008 a mis à mal les capacités de stabilisation des prix des filières d’importation. La hausse des prix internationaux s’est transmise aux prix à la consommation, mais de façon décalée et avec moins d’ampleur ;
- néanmoins, les prix des produits locaux restent le plus souvent plus bas et plus instables que ceux des produits importés. Cette faible connexion s’explique en grande partie par le comportement des consommateurs ;
- la hausse des prix à la production semble inférieure à celle des marchés mondiaux, mais le manque de données ne permet pas de généraliser cette observation.

L’étude est ensuite commentée par Antoine Bouet, de l’IFPRI, Claudio Araujo, du CERDI et Rasmané Ouedraogo, du CILSS.

Après l’étude des mécanismes de transmission de la hausse et de la volatilité des prix, Hafez Ghanem de la FAO analyse les impacts de la hausse sur les pays africains et présente une analyse approfondie de l’évolution de la mal nutrition dans le monde. Il démontre que la hausse des prix s’est traduite par une augmentation de la faim dans le monde mais elle a affecté les ménages de façon différenciée. Ainsi, globalement et à quelques exceptions près dans le monde, les plus touchés sont les ménages sans terre et les ménages portés par des femmes. M. Ghanem précise enfin que la crise financière risque d’aggraver cette situation.


Bakary Traoré du Socodevi présente le cas spécifique de la zone de l’Office du Niger au Mali qui couvre 50% des besoins de consommation nationale en riz. En 2008 dans cette zone, le prix du riz aux producteurs a atteint des sommets. Mais cette forte augmentation cache des fluctuations intra-annuelles très fortes qui expliquent que le producteur ne profite pas de la hausse globale. Il constate en effet que les producteurs n’ont pas bénéficié de cette hausse en raison des flux de trésorerie qui les poussent à vendre leur production au moment où le prix est le plus bas. Une plus grande capacité de stockage des producteurs ou de leurs organisations permettrait de mieux profiter des prix élevés et de limiter l’impact négatif des variations intra-annuelles.

Une fois les impacts de la hausse et de la volatilité des prix analysés, se posent les questions de l’efficacité et de la durabilité des mesures prises. Bio Goura Sulé et Roger Blein présentent l’étude Mesures et plans d’action nationaux et régionaux en réponse à la hausse des prix. Selon eux, l’approche adoptée par les gouvernements d’Afrique de l’Ouest met l’accent sur le niveau de la production et non sur l’aval de la production qui joue pourtant un rôle important pour la sécurité alimentaire. Par ailleurs, ils notent que la majorité des actions concernent le riz et pas les autres céréales locales. Les résultats de ces mesures sont difficiles à évaluer. Les pertes fiscales considérables et l’articulation avec des politiques de développement rural interrogent la durabilité de ces mesures. Sur cette question de la durabilité, John Staatz (Michigan State University) note la contradiction entre les réactions nationales et régionales et souligne l’importance du commerce sous-régional dans la sécurité alimentaire. Saliou Sarr souligne quant à lui l’importance d’impliquer les producteurs dans la définition des politiques publiques.

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Le ministre M. Barnier entouré du ministre L. Sedogo et de B. Bachelier

Le 16 décembre, en milieu de matinée, Michel Barnier, ministre français de l’agriculture et de la pêche, est intervenu. Il a rappelé que "les agriculteurs des pays pauvres n’ont pas, contrairement à ce que l’on pensait, profité de la hausse des prix. Par contre, ils ont pris de plein fouet la hausse des intrants." Selon les prévision de différents instituts de recherche, la crise alimentaire n’est pas terminée, les marchés restent tendus. "L’urgence est là : il faut investir dans le secteur agricole pour rompre le double cycle de la faim et de la marginalisation économique." M. Barnier rappelle également qu’"une meilleure protection contre la volatilité des marchés mondiaux passe par des politiques agricoles adaptées." Pour être pertinentes et efficaces, ces politiques doivent être régionales et durer sur le long terme. Dans ce cadre, le ministre a salué les travaux de la CEDEAO de construction d’une politique agricole régionale.

Publié le : 7 avril 2010

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