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Dîner débat du 19 septembre 2005

Synthèse des débats

En introduction des débats, le président du Groupe Crédit Agricole S.A., monsieur René CARRON, rappelle que FARM et ses fondateurs se positionnent pour un développement agricole et rural plus homogène, en particulier en direction de l’Afrique subsaharienne, partant de l’idée que le développement des uns ne doit pas être une barrière de croissance pour les autres. Bien au contraire, FARM partage et assume une coresponsabilité avec le monde en développement à travers des relations de partenariat entre grandes entreprises et pays en développement (PED), impliquant que ces derniers soient responsables de leurs choix et de leurs priorités.

Cette vision est d’autant réaffirmée que se sont réunis les fondateurs, pour la signature de l’acte de donation, ainsi que les amis de FARM.

Quant aux objectifs de ce débat, ils visent à disposer d’ informations précises sur les questions importantes et d’ actualité à l’ OMC et sur l’ impact à long terme des accords.

Michel PETIT, ancien directeur de l’agriculture de la Banque mondiale, intervient sur le processus de la libération des échanges agricoles. Il rappelle la chronologie des négociations, leur lenteur et leur complexité : création du GATT après la guerre, qui concernait peu l’agriculture, puis importance croissante accordée aux questions agricoles à partir de 1986 avec le lancement de l’Uruguay Round, réforme de la PAC en 1992, accords de Marrakech en 1994 clôturant le cycle de l’Uruguay et instituant l’OMC, création de l’OMC en 1996 et prise d’engagements de libéralisation des marchés agricoles, conférence ministérielle de Seattle en 1999 (Union européenne sur la sellette) s’achevant sur un échec, relance d’un nouveau « Round de développement à DOHA en 2001, conférence de Cancun en 2003 où la reconnaissance de la multifonctionnalité de l’agriculture est refusée, d’où échec et création du G20 ( groupe de pression au sein duquel essentiellement le Brésil, l’Argentine, la Chine et l’Inde s’allient pour faire pression sur les USA et l’UE en vue d’obtenir une réduction des subventions agricoles au soutien interne et à l’exportation).

Depuis 2003, 32 pays des 148 membres de l’OMC se sont retrouvés à Genève en juillet 2004 pour sauver le cycle de Doha et ont conclu une série d’accords-cadres, notamment pour l’agriculture, dénommés « paquet de juillet ». Ces tentatives de compromis n’ont pas progressé en juillet 2005 à Genève et doivent être traitées lors de la prochaine conférence ministérielle de Hong Kong de décembre 2005.

Michel PETIT a rappelé les trois piliers de la négociation agricole :
- diminution à terme des subventions à l’exportation ;
- réduction du soutien interne dans les pays riches ;
- accès libre aux marchés et calcul d’équivalents ad valorem pour parvenir à classer les produits.

Puis, il a abordé le traitement spécial et différencié qui englobe les produits agricoles et confère des droits spéciaux aux pays en développement.

Enfin, il a souligné que la dynamique des PED (qui ont des profils très hétérogènes, donc à catégoriser) met en œuvre une pression croissante sur les pays développés pour obtenir des concessions significatives en matière de distorsions de concurrence, sans quoi il n’y aurait aucun progrès dans la négociation sur la libération des services.

Il a conclu sur les difficultés croissantes pour les PED d’accéder aux ressources génétiques dont la propriété intellectuelle, protégée par des brevets, ne sera pas remise en cause, même si cette disposition s’avère lourde de conséquence.

Willem-Jan LAAN, conseiller en agro-économie chez Unilever, intervient sur les points suivants :
- le lobbying des opérateurs privés auprès d’institutions type OMC a un impact positif car ces institutions intègrent leurs standards volontaires à caractère privé (par exemple dans le domaine des normes) ;
- le comportement à la fois défensif et offensif de la France dans les négociations internationales qui la place en situation parfois difficile ;
- les PED doivent être traités au cas par cas et évoluer dans l’environnement, le social et l’économie, trois domaines dans lesquels il leur appartient de créer leur propre dynamique ;
- l’appui des pays du Nord doit prioritairement porter sur le renforcement des compétences (capacity building).

Christian de BOISSIEU, président délégué du Conseil d’analyse économique, souhaite que le CAE et FARM se retrouvent sur des actions en commun. Il recommande de coupler systématiquement l’agriculture et l’industrie agroalimentaire, de différencier les problèmes des Etats selon leur niveau de développement et leur potentiel de progrès et d’être attentif aux jeux d’alliances en recomposition permanente. Il insiste sur l’importance du soutien à la compétitivité de sous-ensembles, tant sous-régionaux que sous-secteurs économiques complémentaires, pour arriver à composer progressivement une compétitivité globale.

Il conclut sur l’importance de l’introduction d’innovations en agriculture en faisant référence à la demande de monsieur Tony BLAIR relative à la PAC.

Éric ORSENNA, de l’Académie française, exprime deux points essentiels :
- le multilatéral est un enjeu majeur qui dépasse le bilatéral et qui nécessite une approche pédagogique (exemple : comment expliquer les alliances passées entre les Maliens et les Brésiliens ?) ;
- la notion de « durabilité » (sustainability), de toute première importance, ne peut être traitée que dans le multilatéral, seule voie d’avenir.

Alain CATALA, directeur général de LIMAGRAIN, intervient sur les éléments de doctrine de sa société :
- LIMAGRAIN réfléchit à l’horizon de 20 ans,
- la terre, qui n’est pas exportable, est à la base de l’agriculture et de l’alimentation et correspond à 15 % de l’emploi dans le monde ;
- par rapport à la production agricole et alimentaire mondiale totale, seulement 10 % est échangé sur le marché mondial : veillons à ce que que l’OMC ne déstabilise pas les 90 % restants ;
- l’agriculture ne peut survivre sans être aidée. La preuve en est donnée en considérant qu’un agriculteur exploitant 100 ha nourrit 1 000 personnes et vit mal de son travail s’il ne perçoit pas d’aide. Par conséquent, le prix mondial des produits agricoles doit protéger le prix de revient tant au Nord qu’au Sud ;
- en tant que sélectionneur, LIMAGRAIN défend l’exception dont doit bénéficier le matériel génétique mondial : ce matériel doit rester à la disposition des sélectionneurs.

Gérard MESTRALLET, président du Groupe Suez, défend et fait la promotion du partenariat public-privé, surtout dans le monde émergeant, et dans une vision stratégique à très long terme.
Il conclut sur la nécessité d’un accord UE-USA, préalable à tout accord plus large dans le cadre des négociations de l’OMC.

Benoît CORNU, directeur délégué du Groupe Casino, a mis l’ accent sur la baisse continue et inexorable des prix alimentaires dans les pays développés et sur l’ exigence de sécurité toujours plus grande imposée par les consommateurs et les conséquences de ces deux tendances sur l’ agriculture et le commerce.

Les débats se sont complétés avec quelques idées utiles pour les actions de FARM :

- renchérissement inéluctable de l’énergie à l’ échelle de la planète et potentiel de valorisation de la biomasse en biocarburants ;

- faiblesse française dans son savoir-faire en lobbying, au contraire des USA (exemple de clubs tel que l’IPC) ;

- analyse de la façon dont l’Uruguay a surtout profité aux pays les plus émergents du groupe de CAIRNS (exemple : Australie, Nouvelle-Zélande, Canada).

Publié le : 21 décembre 2007

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