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Mission d’évaluation de l’Université du coton

Une mission conjointe de l’Agence Française de Développement (AFD), de l’Association des Producteurs de Coton Africain (AProCA) et de la Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde (Farm) s’est rendue au Burkina Faso et au Mali, du 20 au 30 septembre dernier. Elle avait comme objectif d’apporter des clarifications sur le projet Université du coton à l’AFD. Elle a rencontré les principaux acteurs concernés par l’Université du coton : les leaders et les techniciens des organisations professionnelles cotonnières, au niveau national, régional et local, des
responsables et des cadres des sociétés cotonnières, des acteurs de la formation...
La mission était composée d’Anne Legile, agronome de l’AFD, d’Yves Gauffriau, expert en formation et contracté par l’AFD, de Mamadou Ouattara, Secrétaire permanent de l’AProCA et de Denis Herbel, chef de projet « coton » à FARM. Sans présager des conclusions du rapport final que présentera l’AFD, il nous parait important de présenter brièvement les idées forces qui ressortent de la mission « Université du coton » : un très large soutien des tous les acteurs des filières cotonnières, des attentes clairement exprimées par les producteurs, les sociétés cotonnières et l’université…

Le large soutien des acteurs

La mission a pu mesurer le très large soutien apporté au projet par les acteurs des filières cotonnières africaines. Le Président de l’AProCA, regroupant les unions de producteurs de 13 pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, François Traoré a rappelé à la mission que l’Université du coton est une initiative des producteurs de
coton. Il a insisté sur le long processus mené par l’AProCA pour préparer le projet. Il en a rappelé les grandes étapes : la demande initiale formulée au Salon de l’agriculture de Paris, en février 2006, l’identification des attentes et des besoins à Sèvres avec les organisations de producteurs de coton d’Afrique de l’Ouest et du
Centre, les débats et discussions internes au sein des plateformes nationales en 2006 et 07, jusqu’à la validation par le bureau de l’AProCA...
La mission a aussi rencontré le Président de l’Association Cotonnière Africaine (ACA), organisation professionnelle qui regroupe 25 sociétés cotonnières et d’égrenage, des membres associés (producteurs, industries textile et oléagineuse), des banques, des transitaires… Pour Célestin Tiendrebeogo, son Président, le projet d’Université du coton non seulement « reçoit tout l’assentiment de l’ACA » ; mais il a été muri conjointement. Il a fait « l’objet de nombreux échanges entre l’ACA et l’AProCA, processus finalisé par une présentation officielle à l’Assemblée Générale de l’ACA, en Zambie, en mars 2008 »... En d’autres termes, la mission a constaté que l’Université du coton est une dynamique interne des filières cotonnières africaines portée par tous ses acteurs.

Des besoins clairement exprimés

Les responsables des organisations de producteurs de coton (OPC) ont clairement exposé à la mission leurs besoins et leurs attentes. Tous les leaders d’organisations de producteurs ont rappelé que leur objectif est de « prendre en main le futur du coton africain avec les autres acteurs des filières. Personne ne le fera à notre place… On ne va pas attendre la fin des subventions ». Ils sont conscients que
cela passe par la maitrise de la compétitivité du coton africain. « Il faut rattraper les pertes de revenus par l’innovation ». Pour eux, l’Université du coton représente le meilleur moyen d’accéder aux savoirs, aux savoir-faire et aux compétences pour « comprendre les enjeux mondiaux, mais aussi internes aux filières… On a besoin d’interpréter les situations financières pour peser sur les choix »…
Pour transformer cette volonté en actions de terrain, les leaders ’OPC savent qu’il leur faut disposer d’outils de management pour :
- convaincre et accompagner le changement auprès des cadres salariés et des leaders des organisations régionales, départementales et locales. Les deux élus Maliens présents à la 1ère formation (5) ont expliqué qu’elle leur : « a permis de comprendre le rôle du leader…Et comment l’action du leader peut contribuer à la sortie de crise des filières cotonnières ».
- participer pleinement à la gestion des filières avec les sociétés cotonnières et les autres acteurs : gestion des approvisionnements, au sein des interprofessions négocier les prix et gérer les fonds d’atténuation du risque prix, participer au capital des sociétés cotonnières,
- organiser le plaidoyer pour faire prendre en compte leur vision du développement des filières cotonnières par les Etats nationaux, les institutions régionales et internationales (lobbying).
Autant de besoins clairement exprimés par les dirigeants des OPC.

Des attentes fortes des sociétés cotonnières

Lors de la réunion à la Sofitex, la plus importantes des 3 sociétés cotonnières du Burkina Faso,Georges Yaméogo (8) note que « les sociétés cotonnières , à l’instar des producteurs américains, ont besoin d’envoyer leurs cadres se former… Plutôt qu’aux Etats Unis ou en France… C’est à l’université du coton qu’il revient de former nos jeunes cadres en activité ». Par ailleurs, il attend que l’Université du coton redonne une cohésion entre filières cotonnières africaines balkanisées par les privatisations et le retrait de Dagris. « Maintenant chaque société cotonnière est isolée. Il faut redonner une cohérence régionale aux filières cotonnières ».
L’Université du coton, outil de formation et d’information, doit apporter cette nouvelle cohérence et cohésion aux filières cotonnières africaines. Le Président de l’ACA et Directeur Général de la SODEFITEX, Celestin Tiendrebeogo conclut qu’il attend
beaucoup de l’Université du coton. « Elle ne doit pas être une université au rabais… Nos Etats doivent s’engager… Dès que la crise financière est surmontée, les sociétés cotonnières participeront au financement des formations »…

Les attentes de l’Université

La mission a eu aussi l’occasion de rencontrer l’université. Pour le directeur et les professeurs rencontrés de l’Institut de développement Rural – Université Polytechnique de Bobo (UPB-IDR), l’Université du coton est l’occasion d’assurer le rapprochement entre deux mondes qui se connaissent mal : l’université classique et
les acteurs économiques. « Désormais nous allons apprendre à connaitre les producteurs de coton, leurs contraintes et leurs attentes ; à nous connaitre mutuellement ». L’ouverture de l’université au monde économique entrainera une fertilisation entre recherche et le monde de l’entreprise. La réussite de cette collaboration servira d’exemple aux autres filières agricoles. Par ailleurs, l’UPB entend faire du master professionnalisant « coton » avec l’appui de HEC un « centre d’excellence académique ». Enfin l’UPB souhaite s’investir dans le management de l’innovation cotonnière pour mettre en réseau les meilleures pratiques africaines et placer l’innovation au cœur des dynamiques de développement des filières cotonnières.

D’autres besoins

L’Université du coton s’adresse aux dirigeants et cadres des organisations de producteurs, des sociétés. Elle vise faire partager les compétences et savoir-faire pour assurer la compétitivité des filières cotonnières africaines. Il est clair que la seule Université du coton ne solutionnera pas tous les problèmes des filières cotonnières. Pour sortir de la profonde crise dans laquelle la réduction des prix aux
producteurs a plongé les filières africains d’autres actions sont nécessaires. La crise met en évidence les fragilités des filières cotonnières et, en particulier, des organisations de producteurs de base. Renforcer ces groupements signifie en améliorer la gestion, la transparence et la vie démocratique et, en particulier, le système de remboursement des crédits. Cela passe par la poursuite des formations de base déjà réalisées auprès des responsables de ces groupements complétées si nécessaire par de l’alphabétisation.
Enfin la mission a noté la situation critique du Mali. Les nouvelles sociétés coopératives (les groupements de base) ne se sont pas créées autour d’une dynamique endogène. Elles ne résultent pas d’un « projet d’entreprise » qui répondrait aux questions : Quels groupements ? Pour assurer quelles fonctions économiques ? De quelle dimension pour assurer leur viabilité ? Au contraire les
nouvelles coopératives résultent pour une part importante d’une dynamique extérieure (appui de bureaux d’études rémunérés au nombre de coopératives créées). Ces groupements de producteurs fragiles traversent une grave crise.

Télécharger l’intégralité du rapport de mission (pdf, 140ko)

Publié le : 8 juin 2011

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