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Le colloque microfinance agricole au quotidien

Jeudi 6 décembre 2007

René Carron, président de FARM - discours de clôture

Les conclusions provisoires suite à deux journées et demie de débats, présentées par Solène Morvant lors de la session de clôture qui a eu lieu jeudi 6 décembre :

« A partir des années 1980, l’échec d’une offre de crédit fondée jusque là exclusivement sur l’intervention étatique a laissé la place à un nouveau paradigme qui a amené un renouveau de l’approche du financement rural et agricole dans les pays en développement. La microfinance a, avec la libéralisation du système financier, accompagné l’émergence de ce nouveau paradigme. Cependant, le constat qui a été fait dès l’ouverture du colloque est que cette nouvelle approche n’a pas rempli toutes ses promesses, notamment vis-à-vis du financement du monde rural et plus particulièrement des activités agricoles. En effet, les taux de couverture sont encore faibles et l’agriculture demeure insuffisamment financée ou, lorsqu’elle est financée, l’offre ne répond qu’imparfaitement aux besoins des producteurs agricoles. La nature diversifiée des besoins a été abordée par les panélistes de la première session plénière. Le décalage entre l’offre et les besoins se situe à plusieurs niveaux : les caractéristiques des produits et des services financiers, l’identification au personnel de l’IMF et la mauvaise information des clients.

Aussi, face aux spécificités du financement de l’agriculture, il est souhaitable de faire un pas supplémentaire. En effet, sans renier les bases du changement de paradigme, il s’agit de mettre l’accent sur les voies intermédiaires afin que, tout en ne perdant pas de vue l’objectif de pérennité du secteur, la microfinance construise des partenariats et agisse en complémentarité avec d’autres acteurs du secteur rural et agricole. A coté d’acteurs déjà identifiés comme acteurs stratégiques tels que les banques commerciales et de développement, les organisations de producteurs apparaissent de nouveaux acteurs de la filière ainsi que les agro-industries. De leur coté, les organisations de la philanthropie peuvent s’engager aux cotés des institutions de microfinance dans les actions de développement agricole.

Ce constat du rôle crucial des partenariats est ressorti dans de nombreux débats et notamment, ce qui peut sembler a priori étonnant, dans les réflexions autour des innovations. En effet, si les innovations en termes de produits sont indispensables et apportent des solutions (tout en tenant compte du fait que leur diffusion plus large se heurte parfois aux spécificités des contextes et qu’il y a une nécessité forte d’adaptation), il semble qu’une amélioration de la prise en compte des activités agricoles par le secteur financier passe davantage par des innovations en termes de processus et de jeux d’acteurs. Au cœur de ces processus, les producteurs et leurs organisations doivent jouer un rôle central (largement souligné) non seulement au niveau de la gouvernance des institutions mais également au niveau de la prise de décision, du contrôle et de la conception des produits, afin d’améliorer l’offre des services financiers. Les échanges ont souligné que les institutions de microfinance et les organisations de producteurs peuvent également participer à l’élaboration des politiques publiques.

Mais ces jeux d’acteurs et ces partenariats ne règlent pas tous les problèmes. Encore faut-il, nous l’avons vu, que le personnel des IMF dispose des compétences et convictions propices à la mise en œuvre de l’offre des services financiers destinée à l’activité agricole. Par ailleurs, il est important de souligner que ces partenariats n’apportent pas de solution à la question de la rentabilité d’une partie des activités agricoles. Certains témoignages ont fait état d’une démarche de segmentation des types d’activités financées en privilégiant les activités agricoles économiquement rentables. Si cette segmentation est légitime, car elle permet d’allier l’objectif de rentabilité financière de l’IMF avec celui de l’impact de ces services sur les activités financées, elle ne résout par la question des activités agricoles aux taux de rentabilité plus faibles. Car si le constat a été fait que les agriculteurs qui vivent ou survivent de ces activités agricoles à faible rentabilité remboursent leur crédit aussi bien que ceux d’autres secteurs plus rentables, cela ne signifie par que l’accès au crédit leur permet de dégager une marge suffisante. Il faut par conséquent distinguer les indicateurs de performance au niveau de l’IMF et la rentabilité réelle des activités financées. Cette question du financement des activités faiblement rentables reste ouverte et doit être posée aux acteurs de l’aide internationale ainsi qu’aux pouvoirs publics.

Pour finir, je reviendrai sur le jeu d’acteurs et l’équilibre fragile qui se met en place, les expériences ont montré que l’articulation d’une offre de services en milieu urbain et en milieu rural notamment dirigée vers les activités agricoles est une condition de la pérennité de l’IMF. En revanche, si elle comporte des avantages indéniables, elle peut générer des craintes de la part des acteurs ruraux et notamment des organisations de producteurs quant à l’abandon des activités agricoles au profit d’activités plus rentables. Il est par conséquent essentiel que chaque acteur comprenne et tienne compte des contraintes qui s’imposent aux autres acteurs et que les partenariats se définissent à partir de cette compréhension mutuelle. »

A télécharger :
Le discours de clôture de René Carron, président de FARM (pdf, 24ko)


Mercredi 5 décembre 2007

Une des conclusions de cette journée du colloque indique que les principales innovations dans le domaine de la microfinance concerneront essentiellement les processus plutôt que les produits financiers proposés. Ces innovations institutionnelles proviendront des nouveaux jeux d’acteurs, des partenariats innovants IMF – Etat – OP – agences de financement et de la place centrale qu’il faut encore plus donner aux producteurs agricoles.

L’alliance des IMF avec des acteurs privés de l’aval de la filière permet de réduire les risques pour l’agriculteur, aide l’écoulement de la production et améliore l’impact des produits de la microfinance. Certains exemples ont montré qu’on peut aller jusqu’à assurer un débouché aux producteurs avec un prix garanti. L’exposé concernant le partenariat entre Grameen Bank et Danone et celui sur l’expérience de CECO (Cote d’Ivoire) illustrent ce partenariat innovant entre IMF et acteurs privés des filières agricoles.

De nombreuses interventions ont montré combien les ressources humaines sont un facteur déterminant de la viabilité des instituts de microfinance agricoles. La réussite des IMF passe entre autre par des équipes de dirigeants et de salariés compétentes, spécialisées dans le domaine de l’agriculture. Ceci renvoie à l’importance de l’accès à la formation, du partage des savoir-faire techniques et de l’accompagnement des praticiens de la microfinance.


Mardi 4 décembre 2007

La première journée du colloque « Quelle microfinance pour les agricultures des pays en développement ? » a rassemblé à Paris 300 personnes de 75 nationalités différentes, provenant de tous les continents. Les participants ont été accueillis par Christophe Lecourtier représentant Mme Lagarde, le directeur de l’IGDPE Ralph Dassa, l’ambassadeur de Madagascar à Paris et le directeur de FARM Bernard Bachelier. Les interventions de la première matinée ont permis de décrire les apports de la microfinance au secteur agricole selon des éclairages régionaux. Les ateliers qui ont eu lieu dans l’après-midi ont détaillé certains aspects opérationnels : spécificités, innovations et risques agricoles.

Richard Meyer, de l’Ohio State University, souligne le changement de paradigme qui est intervenu dans le financement du secteur agricole. Désormais l’enjeu principal est d’accéder aux marchés financiers, les institutions de microfinance devant jouer un rôle d’intermédiaire efficace pour cela.
Cette nouvelle approche accorde une place importante à la viabilité des IMF ; pour l’assurer, M. Meyer prône la diminution des coûts principalement par des méthodes de gestion et d’organisation innovantes et la diffusion des bonnes pratiques.

Reynaldo Marconi, des associations financières pour le développement rurale de Bolivie, présente le cas de la Bolivie. Les petits producteurs de l’agriculture familiale ont le plus souvent accès aux services financiers en passant par des organisations professionnelles. Ces OP se regroupent entre elles et nouent des partenariats avec les institutions financières. Les institutions peuvent ainsi répondre à la fois aux besoins de financement individuels et collectifs. M. Marconi rappelle l’importance de la confiance qui doit exister entre les petits agriculteurs et les IMF pour que répondre efficacement aux demandes de l’agriculture.

En Inde, suite au désengagement de l’Etat et de la privatisation qui a eu lieu dans les marchés financiers agricoles, il s’est avéré nécessaire d’approcher les petits agriculteurs. Pour ce faire, la NABARD (Banque nationale pour l’agriculture et le développement rural), représentée par Satish Pillarisetti, a choisi le modèle des Self Help Groups qu’elle a développé à partir de 1992. Le fonctionnement des SHG, groupes d’entraide de 4 à 12 personnes, doit toutefois être adapté au fonctionnement du monde agricole afin de permettre un lien entre le système bancaire et les petites exploitations familiales.


Intervenants de la première séance plénière :

- Alpha Ouedraogo, Centre d’innovation Financière
- David Myhre, Fondation Ford
- Cécile Lapenu, CERISE/RFM
- Mamy Rajohanesa, FI-FA-TA
- Reynaldo Marconi réalisant la présentation de Maria Julia Jimenez, CIOEC
- Alou Sidibé, Kafo Jiginew
- Satish Pilarisetti, NABARD


Les sujets qui seront abordés mercredi 5 décembre :

- Comment améliorer l’impact économique de la microfinance sur le développement agricole ?
- Quels rôles des organisations professionnelles agricoles dans la microfinance ?
- Quelles sont les conditions de la viabilité financière de la microfinance agricole ?

Publié le : 12 décembre 2007

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