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Solidarité entre OPA du Sud et du Nord : témoignage de Francois Traoré, Président de l’AProCa

20 juillet 2007 - FARM présente les impressions et le ressenti du Président de l’AProCA, suite aux deux journées qu’il a passées fin juin - début juillet dans le Pays Loire-Beauce et en Bretagne.

FARM entretient des contacts réguliers avec les organisations professionnelles agricoles, et parmi elles l’AProCa (Association des Producteurs de Coton en Afrique), a une place particulière, eu égard au partenariat que nous entretenons avec cette organisation pour créer l’université du coton aux côtés d’HEC. Ci-dessous, le témoignage de son Président montre, s’il en était besoin, que la place de l’agriculture dans la société doit être réaffirmée de manière permanente et que la solidarité entre les OPA du Sud et celles du Nord est chaque jour plus réelle.

Ce que je pense

Le combat quotidien des producteurs et la faible reconnaissance de la société

Du 26 juin au 05 juillet 2007, nous étions en France (le secrétaire permanent et moi) pour finaliser les documents de partenariats FARM et AProCA, sur l’Université du coton et sur d’autres chantiers tel que le projet de coton biologique. Ainsi en plus des réunions portant sur l’Université du coton, nous avons posé les premières bases de relations que nous souhaitons durables avec certaines sociétés de transformation françaises qui veulent du coton bio et équitable. Malgré ce calendrier chargé, j’ai eu l’heureuse occasion d’aller en campagne à la rencontre d’agriculteurs.

« Qui fait pousser la nourriture et la richesse ? »
Nous nous sommes d’abord rendus dans la région de la Beauce pour l’inauguration de la « Route du Blé », une manifestation qu’une association et les élus locaux organisent pour promouvoir leurs départements et leurs productions. J’ai été intéressé par le système agricole de cette zone et particulièrement la maîtrise de leur organisation. Pour que les gens découvrent et s’intéressent à leurs activités, ils ont su donner une valeur touristique à leur zone.

Ainsi, le jour de la fête, des gerbes de blé décoraient les entrées de la ville et devant l’entrée principale était accroché un panneau sur lequel il est écrit : « ici poussent vos baguettes », avec en dessous des lettres, l’image d’un pain et d’un croissant. Cette image rappelle bien qu’il pourrait exister des gens qui pensent que le pain dont ils se nourrissent pousse dans la boulangerie.
C’est dommage et dangereux que la production de la ressource clé des humains soit si mal connue. En effet, une bonne partie de ces gens, ignorants de ce grâce à quoi ils vivent, accusent les agriculteurs de détruire l’environnement et cela publiquement dans les réunions internationales et dans les médias.

Ce fait se constate sur tous les continents
Voyez, en Afrique, le coton produit de l’argent. Mais lorsque les cotonniers veulent se battre, lorsqu’ils viennent dans les salons feutrés pour faire entendre leur opinion, les gens les trouvent ridicules. Mais ces mêmes personnes se gardent de se moquer de l’argent produit par les cotonniers et dont tout le monde profite. Alors, moi aussi, je veux que le peuple africain sache où « pousse l’argent des pays cotonniers » ! D’autant plus qu’aux Etats-Unis, il n’y a que 25 000 producteurs de coton que tout un pays-continent soutient simplement pour des raisons historiques et symboliques.
Ici, malgré la masse d’argent que la fibre du coton fait entrer dans nos pays, je ne pense pas que tout le monde soit fier du coton.
Je ne crois même pas que beaucoup sachent la valeur et le volume de revenus que cette fibre blanche fait entrer. Peut être me répondra-t-on « les gens le savent, ils vous soutiennent ». Alors, trouvons ensemble une solution pour que cette ressource précieuse ne disparaisse pas. Si tout le monde soutient vraiment le coton, cherchons ensemble la solution qui le sauvera.
Ce que je peux dire, c’est qu’à notre niveau : les producteurs savent produire. A toute la société de savoir valoriser le coton !
C’est déjà un grand avantage que nous avons de maîtriser un tant soit peu la technique de production, alors si on perd cette capacité, je ne vois pas comment on peut maîtriser la production et la commercialisation en un temps très court. Je ne veux aucunement dire de ne pas essayer de nouvelles spéculations. Mais il serait hasardeux de penser que le coton peut être automatiquement remplacé par du nouveau.

Il est très facile de dire que l’on veut notre coton. Pendant que nous le disons, la Chine et le Brésil avancent, ils se positionnent de mieux en mieux dans le monde du coton. Si nous laissons notre coton disparaître, cela restera gravé dans l’histoire. Ce sera l’un des actes qu’il sera difficile d’expliquer aux générations futures.

Les énergies renouvelables, qu’attend l’Afrique pour les adopter ?
J’ai trouvé des éoliennes dans la zone de la Beauce. Il semble que les mairies de la Beauce soient parmi les rares en France à accepter cette technologie Allemande qui donne de l’énergie peu coûteuse et peu polluante. Cette utilisation du vent a renforcé ma conviction que l’avenir de l’Afrique se trouve dans l’utilisation des Ressources Naturelles les plus accessibles (le vent, le soleil et l’eau). Les habitants de la Beauce m’ont dit qu’une partie de leur énergie est produite par l’eau et le vent : Il y a plus de soleil ici qu’en Allemagne, mais je ne comprends pas que le matériel pour produire l’énergie solaire soit si cher. Les grands pays qui ont de grandes industries sont appelés à ne plus polluer ; nous qui ne polluons presque pas, n’est ce pas le moment de penser à garder notre atout en utilisant les énergies écologiques pour la transformation de nos produits, ce qui du même coup offrira de l’emploi à la jeunesse. Qu’en pensent les développeurs ? Si nous ne prenons nos responsabilités, la pauvreté de l’Afrique va toujours servir à enrichir les plus riches, des projets seront toujours montés mais une grande partie de la manne financière sera encore orientée vers les plus riches.

Lorsque les producteurs prennent les choses en main
Après la Beauce, nous nous sommes rendus dans la région de la Bretagne pour visiter une usine de transformation du coton. L’organisation, les actions menées par les agriculteurs de cette région m’ont impressionné. La Bretagne est une région réellement agricole (céréales-élevage) ; ses habitants m’ont dit qu’elle était, dans le temps, l’une des régions les plus pauvres de la France. Aujourd’hui, elle est l’une des régions les plus riches. Les organisations d’agriculteurs de la région ont influencé ce progrès. Ces acteurs, armés de volonté, ont fait développer la Bretagne. Ainsi, les entretiens avec ces professionnels de la terre et des entreprises de transformation se sont bien passés, car sachant ce que vaut l’agriculture, ils ont été sensibles aux difficultés que nous avons exposées et ont décidé de soutenir les producteurs africains tout en étant chez eux et également en venant en Afrique. Ils sont ainsi prêts à appuyer l’installation d’une usine de transformation en Afrique pour soutenir les producteurs africains. J’ai rencontré une entreprise prête à accompagner l’entreprenariat africain. Je crois en cette volonté exprimée car l’une de leurs villes est déjà jumelée avec une ville africaine.

Un fils célèbre engagé pour sauver sa mère Afrique
J’ai eu l’occasion de rencontrer Basile BOLI un africain qui a fait la fierté de la France dans le football. Il a rangé depuis peu ses chaussures de football et aujourd’hui, il est décidé à se battre pour l’entreprenariat africain et aussi pour l’avenir du coton que ses parents cultivent. Il sait qu’il sera mal à l’aise si ces parents ne disposent plus de ressources parce que le coton aura disparu. L’Afrique a besoin de patriotes comme Basile Boli, ce grand joueur qui a su positiver sa vie. Après un éclatant succès dans le sport, le voilà militant pour son continent.
Mais, pour rester sur leur continent qui leur est cher, les africains ont besoin de voir le progrès dans leur lieu de vie. Nous avons tous besoin de nous développer pour rester et vivre paisiblement sur nos terres.

Il ne faut pas que le fait d’être africain devienne une honte. Basile BOLI, bien qu’installé en Europe, a fait la fierté et continue de faire la fierté de l’Afrique. Je lui suis reconnaissant de sa vision et de son engagement pour l’Afrique.


Bobo -Dioulasso le 18 juillet 2007

François B TRAORE
Docteur Honoris Causa
Président de l’AProCA

Publié le : 6 août 2007

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