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19 octobre - Le rapport sur le développement dans le monde 2008 de la Banque Mondiale est paru

La Banque mondiale consacre à l’agriculture son rapport sur le développement dans le monde 2008 (WDR 2008 - World Development Report), pour la première fois depuis 25 ans. Le WDR 2008 a été publié le 19 octobre 2008, il est désormais disponible. Ci-dessous le compte-rendu de la présentation du WDR 2008 qui a eu lieu le 26 juin dernier, très prochainement plus d’informations détaillées.

Voir aussi l’article "Présentation du Rapport sur le développement dans le monde 2008 de la Banque Mondiale" concernant la présentation officielle qui a eu lien à Paris le 8 novembre 2007

Le rapport sur le développement dans le monde 2008 (WDR 2008 – World Development Report) de la Banque mondiale a été présenté au siège d’Agropolis International, à Montpellier, le 26 juin 2007, par Alain Choppin de Janvry et Elisabeth Sadoulet – auteurs du rapport – lors d’une réunion présidée par Henri Carsalade, président d’Agropolis et Bernard Bachelier, directeur de FARM. Le rapport, très attendu, est en cours de finalisation, il entrera très prochainement dans la phase éditoriale pour être publié en octobre 2007.

Le rapport vise à redonner à l’agriculture une place centrale en tant qu’outil de développement, ce qu’il n’avait plus fait depuis 1982. Il apporte à la fois une réflexion théorique concernant les contributions de l’agriculture au développement des pays du Sud et des recommandations pratiques de mise en œuvre des politiques de développement s’appuyant sur l’agriculture.

L’agriculture reste fondamentale pour le développement, son effet varie selon le contexte.
L’agriculture a des effets différents sur le développement des pays en fonction de la nature de leur économie. Le rapport classe les pays en développement en 3 grandes catégories, en fonction de la part de l’agriculture dans l’économie nationale et en fonction de la part de la pauvreté rurale sur la pauvreté totale : les pays dont l’économie est basée sur l’agriculture (principalement l’Afrique subsaharienne), les pays dont l’économie est en transition et les pays dont la population est majoritairement urbaine.
Selon le rapport, l’accélération de la croissance économique des pays dont l’économie est basée sur l’agriculture passera par une révolution de la productivité des petites exploitations agricoles. Le problème de la disparité des revenus, caractéristique des pays ayant une économie en transition, pourrait être abordé en promouvant une agriculture à haute valeur ajoutée, la diffusion de la révolution verte dans les régions les plus enclavées. Toutefois, l’amélioration de la situation des paysans passera, entre autres, par une amélioration de la productivité et donc par une diminution des besoins en main d’œuvre, ce qui nécessitera la reconversion d’une partie des actifs agricoles vers d’autres secteurs. Les auteurs préconisent donc d’intégrer dans les politiques publiques des mesures d’accompagnement des actifs qui quittent l’agriculture et une décentralisation des activités économiques vers les zones rurales. Enfin, dans les pays urbanisés, le rapport recommande de développer des marchés alimentaires modernes, y inclure les petits exploitants agricoles, et de créer parallèlement des emplois ruraux

La question environnementale a une place importante dans le rapport dans la mesure où, dans les pays en développement, elle a un impact direct sur le PIB. Les auteurs citent en exemple le Zimbabwe où il existe une forte corrélation entre la diminution des précipitations et la baisse du PIB. Ainsi, le rapport considère qu’il est absolument nécessaire de réduire l’empreinte environnementale des économies en développement et qu’il est urgent d’améliorer l’impact climatique des systèmes de production agricole des pays pauvres. De plus, l’agriculture fournissant des services environnementaux, elle pourrait jouer un rôle important dans un développement plus respectueux de l’environnement. Les auteurs du rapport considèrent que ce type de développement doit passer par l’élimination des subventions ayant des effets négatifs, une meilleure définition des droits de propriété, une utilisation plus large des technologies de conservation. Il faudrait de plus promouvoir la recherche et investir dans la résilience (résistance aux chocs) des systèmes de production agricoles et développer des marchés pour les services environnementaux. Il est à noter que le rapport promeut d’une part la révolution verte et, d’autre part, il met l’accent sur la question environnementale, sans pour autant intégrer ces deux aspects dans un même modèle d’agriculture durable.

Le contexte est favorable à l’utilisation de l’agriculture comme outil de développement.
Les auteurs considèrent que, dans les pays du Sud, le contexte est redevenu favorable à un développement passant par l’agriculture : les indicateurs macro-économiques s’améliorent, la demande de produits agricoles à haute valeur ajoutée est en hausse, des innovations technologiques commencent à être disponibles pour les agricultures des pays du Sud. Les nouvelles opportunités pour l’agriculture ouvrent de nouvelles voies de sortie de la pauvreté pour les populations rurales, dont font partie les petits producteurs agricoles, les salariés agricoles, les migrants et les travailleurs non agricoles. En d’autres termes, l’agriculture peut fournir des opportunités pour améliorer le niveau de vie et la sécurité alimentaire d’un grand nombre de paysans pratiquant des cultures vivrières et de salariés agricoles non qualifiés. Toutefois, la réussite des politiques agricoles et donc du développement nécessite la résolution des actuelles carences de la gouvernance agricole, aux niveaux local, national et global.

Quelques recommandations pour un développement par l’agriculture.
D’après le rapport, les subventions agricoles peuvent constituer un outil de développement et de lutte contre la pauvreté, à condition que les ressources disponibles soient utilisées le plus efficacement possible. Ainsi, les aides peuvent subvenir aux défaillances temporaires des marchés, limiter des coûts fixes de fonctionnement trop élevés ou bien limiter les risques liés à la production mais elles ne doivent être utilisées que pendant de brèves périodes, sans être pérennisées. Les auteurs font remarquer que ces aides ne constituent pas à elles seules une politique agricole mais doivent faire partie de politiques plus globales. Les systèmes de protection tarifaires aussi peuvent être des outils de développement permettant d’améliorer la compétitivité des filières, toujours à condition que leur utilisation soit limitée dans le temps. Toutefois, une politique de protection n’est pas toujours pertinente car dans de nombreux pays les pauvres sont des acheteurs nets de produits agricoles. Ainsi, à un niveau global, dans un même pays, les avantages que les producteurs agricoles peuvent tirer d’une hausse des prix sur les marchés locaux ne compensent pas forcément la perte conséquente de revenu des consommateurs pauvres.

Actuellement, le débat sur l’impact des subventions des pays développés sur l’agriculture des pays pauvres est vif. Les auteurs du rapport soulignent que la libéralisation complète du commerce des céréales aurait pour conséquence une hausse des prix mondiaux de 5%. En d’autres termes, la libéralisation du commerce n’aura que peu de répercussions sur le revenu des céréaliculteurs, l’amélioration de leurs revenus doit absolument passer par des investissements, privés ou publics. Par contre, la libéralisation complète du commerce du coton, incluant l’élimination des soutiens internes, permettrait une hausse de 20% des prix mondiaux. En conséquence, afin d’améliorer la situation des cotonculteurs, les auteurs du WDR 2008 prônent la poursuite et la conclusion rapide du cycle de Doha, tout en soulignant que les investissements restent le principal moteur du développement agricole.

Le rapport est le résultat d’un vaste travail de consultation de différentes équipes scientifiques. La Banque mondiale souhaite intégrer les recommandations formulées par le WDR 2008 dans un projet plus global qui aboutirait à l’étude de cas précis et à l’application des mesures préconisées. Le rapport aura certainement un impact mondial et influencera progressivement les bailleurs de fonds qui accroîtront les financements à l’agriculture.

NB : Le 2 mai 2007 a été publiée la synthèse des réactions au pré-rapport de la banque mondiale 2008 . Les commentaires seront intégrés dans le "World development report" dont la version finale a été publiée le 19 octobre 2007. Le rapport est disponible sur le site de la banque mondiale.

Publié le : 26 septembre 2011

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