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La situation cotonnière sur le vif, par Camille Renaudin

Camille Renaudin, doctorante en géographie à l’Université Paul Valéry de Montpellier, réalise, dans le cadre de sa thèse, une étude socio-géographique sur les conditions sociales des populations rurales en zone cotonnière d’Afrique subsaharienne. Avec le soutien de FARM, elle effectue actuellement ses enquêtes, dans l’Est du Burkina Faso sur la zone d’intervention de la Société Cotonnière du Gourma (SOCOMA). FARM publie son journal de bord, ainsi que le rapport de son étude.


Afin de mieux apprécier les réalités du terrain et l’impact des difficultés que traverse le secteur cotonnier africain, Camille Renaudin a adopté une méthodologie d’enquêtes et de questionnement privilégiant la proximité et le dialogue avec les producteurs de coton et leurs familles.

Documents disponibles :
- rapport final de l’étude (pdf, 1,3Mo)
- note intermédiaire de son rapport (pdf, 280 ko)
- extraits de son journal de bord


Voici quelques extraits de son "journal de bord" :

5 août 2007

C’est mon dernier mail avant mon départ pour la France. La période des semis du coton au Burkina s’est achevée le 31 juillet. Les producteurs qui ont semé après le 20 ont pris un risque considérable. La saison des pluies a tardé a s¹installer mais ce n’est pas sûr qu’elle se décale dans le temps. D’autant qu’en terme de cumul de précipitations la situation est « normale ». Du coup les sociétés cotonnières commencent à faire le compte des superficies emblavées et à entrevoir les conséquences de cette campagne qui s’annonce désastreuse.A l’Est, à la fin de la deuxième décade de juillet, on pouvait relever 30 206 ha ensemencés en coton. L’année dernière, c’est près de 60 000 ha qui avaient été semés. Il n’est pas nécessaire de faire de longs calculs pour savoir que les 3 usines d’égrenage dans la région ne pourront pas toutes fonctionner cette année. C’est autant d’emplois en moins.

A Paris, le processus de privatisation de Dagris, semble être remis en cause et cette situation d’incertitude pourrait bien avoir des répercussions sur le fonctionnement de la Socoma et sur le devenir de la filière cotonnière de la zone Est.
Lors de la venue de Nicolas Sarkozy au Sénégal et de sa rencontre avec le Président Wade, les deux chefs d’état ont évoqué la question du coton africain et celle de la privatisation de Dagris, actionnaire majoritaire de la Socoma. Abdoulaye Wade a proposé que les pays africains reprennent la société Dagris. Proposition qui a le mérite de replacer la question sur le plan politique mais qui risque de retarder davantage un processus de privatisation, jugé pourtant inéluctable. Le président Sarkozy a répété dans son discours « qu’il n’y avait pas urgence » pour régler ce dossier, alors que la situation de la Socoma et du paysannat cotonnier est de plus en plus précaire et leur avenir bien incertain. Quant aux institutions internationales, leur indifférence ou leurs orientations stratégiques sont, a priori, difficiles à comprendre, surtout pour les paysans africains. Comment peut-on ignorer la situation et laisser des milliers de producteurs qui vivaient déjà à la limite du seuil de pauvreté, s’appauvrir davantage ? Avec un risque de frustration énorme : « quand tu as connu une amélioration de tes conditions de vie, tu acceptes difficilement de revenir en arrière, ou bien...? »
Ces mêmes institutions cautionnent la construction de luxueux ministères à Ouaga 2000. Si l’Etat burkinabé est « sous perfusion » et si la contrainte de l’enclavement est extrêmement forte (notamment parce que l’énergie coûte cher), il y a dans ce pays des potentialités énormes. Trop mal exploitées ou simplement mal valorisées.

A Fada, on m’a dit qu’il fallait « prendre mon contact » parce que « là ou je pars je suis plus proche de Dieu ». Ah bon ? « Oui, tu n’as pas remarqué, Dieu là, il penche un peu la tête sur le côté et ferme un oeil. Le gauche. C’est pour ça qu’il ne voit pas bien l’Afrique ! » Moi je me dis qu’il n’est pas le seul à fermer les yeux.

C’est la fin de mon séjour au Burkina. Gageons qu’à mon retour, l’année prochaine, la situation se sera améliorée.

A bientôt !
Camille


23 juillet 2007

Une semaine à Ouagadougou.. Autres regards, institutionnels ceux-là, sur la situation cotonnière au Burkina.. Et même discours inquiets sur une « situation déplorable compte tenu du fait qu’elle touche des milliers et des milliers de personnes ».. L’Etat et l’Union Nationale des Producteurs de Coton (UNPCB) ont demandé en 2006 la mise en place d’un plan d’urgence.. Depuis, il y a une multiplication de projets pour relancer la filière : projet pour la création d’unités de transformation sous-régionales (BOAD), projet d’appui à la filière coton textile (FAD), projet pour promouvoir la transformation du coton en Afrique de l’Ouest (ONUDI), etc. Sans compter tous ceux qui concernent le coton biologique et/ ou le coton équitable.. De quoi s’y perdre.. Au point que l’Union Européenne finance une étude pour (entre autres) recenser toutes ces actions et évaluer leur pertinence..

Pendant ce temps, la Banque Mondiale, après avoir l’avoir validé, émet des doutes sur le fait que le fonds de lissage (cf. nouveau mécanisme de fixation des prix du coton) soit un « bon outil ».. Remise en cause de principe qui fait craindre que le fonds ne soit pas abondé.. Seule l’Agence Française de Développement pour le moment s’est réellement engagée à hauteur de 3 millions d’euros.. Montant dérisoire comparé aux besoins estimés à 25 millions d’euros.. Pourtant la grande majorité des acteurs pense que la mise en place de ce fonds pourrait permettre à la filière de « respirer »..

Parallèlement encore, le coton n’a pas été inscrit au 10ème FED... L’Union Européenne se défend d’en être responsable : « les priorités sont discutées de façon concertées avec l’Etat ».. Elle interviendra mais la question n’est pas « prioritaire » même si « elle est importante pour l’Etat et les producteurs ».. Beaucoup d’incertitudes et de questions en suspens donc.. On parle de plus en plus de « diversifications ».. Mais pas « d’alternative » : « il faut rester réaliste, rien ne peut remplacer le coton ! »
De retour à Diabo, un producteur me dit que quand il est né et qu’il a commencé à marcher, ce qu’il a vu que devant chez lui c’est "âne et charrette".. Il a alors compris que la vie n’allait pas être facile pour lui, qu’il allait devoir travailler dur.. Certains naissent en ville et trouvent "voiture ou moto" devant chez eux.. Même si c’est en panne, ça veut dire que "ça va un peu" pour eux.. Lui c’est "charrette et âne" seulement.. Avec le coton, quand les prix étaient bons, il a pu se payer une moto.. Son dernier enfant est venu trouver la moto.. Il veut l’envoyer à l’école pour lui donner "sa chance".. Avec la situation du coton aujourd’hui, ce n’est pas sûr qu’il puisse garder la moto mais il va continuer à travailler dur... »

Cette métaphore "mécanique" traduit l’ascension sociale qu’a permis la culture du coton.. La réussite, symbolisée par la moto n’est plus désormais réservée qu’aux seuls gens de la ville.. Et dans l’avenir ?

A bientôt !
Amitiés.
Camille


7 juillet 2007

Pissiengdin, village perdu en brousse près de Saatenga. Pour y accéder il faut prendre une petite piste entre les champs. Dans ce village il y a un GPC « Laguimtaaba ». Il a été créé en 2002 et compte 42 membres. Ici chaque famille compte au moins un producteur de coton. On a croisé les paysans sur la « route ». Ils venaient de semer le champ collectif du groupement : 2 ha de coton qui ont permis de construire un forage, d’entretenir la pompe et de « soutenir les familles en cas de besoins urgents ». On s’est assis avec 8 producteurs pour discuter. Un vieux est venu s’asseoir avec nous, « pas pour discuter mais pour amener "la blanche" chez lui et la marier ». Chacun explique ce que le coton, même si la culture est récente ici, a changé pour lui. D’ailleurs d’après eux il suffit simplement de regarder : « les maisons en tôle poussent partout ». Dans le village il y a une école primaire dans laquelle il y a trois salles de classe. C’est ce que l’on appelle ici les classes « multigrades » : l’instituteur partage son emploi du temps pour assurer 2 ou 3 niveaux. Aujourd’hui tous les enfants du village vont à l’école. Le vieux, qui finalement ne peut s’empêcher de s’immiscer dans la conversation, précise que « eux, ils sont analphabètes mais ils veulent donner leur chance aux enfants ». Les élèves qui réussissent partent ensuite à Diabo (chef lieu du département) pour suivre le collège. C’est l’argent du coton qui permet de payer les frais de scolarité et d’entretien de l’enfant en ville. Cet argent là permet aussi de faire des « petites économies » pour payer les consultations et les médicaments au Centre de Santé de Saatenga. Et si une famille n’est pas parvenue à économiser, elle peut emprunter de l’argent au groupement de producteurs pour soigner un membre de sa famille.

Les superficies cultivées par les familles le sont majoritairement en céréales. Chaque producteur a pris un bout de son champ pour semer le coton et pratique la rotation des cultures. Du coup, grâce aux engrais qu’ils appliquent sur le coton, les rendements des cultures vivrières ont augmenté. Ils « gagnent plus de mil en cultivant moins de superficie ». Aujourd’hui avec la hausse du prix des engrais, ils ont peur de « tomber dans les crédits ». Cette année ils vont prendre « un peu, un peu » pour ne pas être en impayé et voir leur groupement suspendu par la société cotonnière. 18 producteurs sur les 42 que compte le groupement abandonnent la culture du coton cette année : « le coton leur a gâté le cœur ». Les retards de paiement les ont contraints à emprunter de l’argent ou à déstocker des céréales. Quand l’argent est venu il a fallu rembourser. Ils plaisantent entre eux : « le jour où la mission vient pour payer, le commerçant à qui tu as emprunté vient chez toi, juste pour te dire "bonjour" ». Ici on ne demande pas d’intérêt quand on prête de l’argent, seulement il faut savoir « remercier » ton créancier. Cette campagne ils préfèrent cultiver le mil pour nourrir la famille. Ils sèmeront le coton la campagne prochaine : « si tu ne fais pas le coton, il reste l’arachide, le niébé ou le soja pour avoir l’argent mais ça ne peut pas t’aider ».

Concernant le prix d’achat du coton, tous me demandent si c’est vrai ce que dit la radio : le prix va augmenter. La même question dans la bouche de tous les producteurs cette semaine. En fait, certains ont écouté dimanche dernier l’émission « chronique des matières premières » dans laquelle un animateur parlait de la hausse du prix sur le cours mondial. Seulement l’émission était en mooré et la traduction n’a pas fait la différence entre coton fibre/coton graine et entre cours mondial/prix d’achat au producteur... En tout cas la nouvelle a eu le temps de faire le tour des marchés. La déception n’en est que plus grande.

A bientôt !
Amitiés.
Camille


25 juin 2007

J’ai préféré, cette fois ci, parler de l’entretien que j’ai eu avec un représentant des producteurs de coton.

Il décrit le découragement des producteurs mais ajoute « de toute façon il n’y a pas autre chose à faire ». S’il estime, lui aussi, que la production va baisser par rapport à la campagne passée, il espère néanmoins qu’avec la nouvelle de la baisse du prix des intrants (effet des subventions accordées par le gouvernement) les producteurs vont venir reprendre les intrants qu’ils avaient retournés. Pour l’instant les engrais sont « posés ».

Il décrit, depuis la relance du coton en 1996 et la visite du président du Faso à Diabo (venu distribuer des semences de coton), les changements intervenus dans la province. Les gens pensaient au départ que la production de coton entraînerait la chute de la production céréalière, c’est l’inverse qui est arrivé. Les producteurs de coton n’ont désormais plus besoin d’acheter des céréales (« à moins d’être fainéants »). Au contraire, ils en vendent (ce qui a entraîné par ailleurs la chute du prix du maïs et du mil), ce qui leur assure des revenus supplémentaires. « Grâce au coton, les gens cultivent le maïs et mangent bien. Et si tu manges bien, tu es en bonne santé !!! ». Il raconte encore qu’avant, pour posséder un vélo, il fallait avoir un parent ancien combattant ou un membre de sa famille en Côte d’Ivoire. Avec le coton, les femmes et les enfants ont des vélos (les premières pour aller au marché, transporter l’eau, aller au centre de santé, etc. ; les seconds pour aller à l’école).

Il poursuit en disant que les producteurs, il y a 15 ans, possédaient seulement une ou deux chèvres, parfois un bœuf. Maintenant certains gèrent un troupeau entier. Autant d’« épargne sur pieds » que l’on peut vendre en cas de problème. Et autant de fumier à répandre sur des sols parfois « fatigués » pour augmenter les rendements du coton et des céréales. Les seuls ici à disposer de fosses à fumier sont des producteurs de coton.

Concernant son analyse de la situation, lui « en tant que responsable, il sait comment ça se passe : ils sont fatigués par les subventions américaines et le dollar ». Comment lutter contre cela ? « Si tu es frappé par quelqu’un que tu ne peux pas frapper, tu peux au moins pleurer ». Le problème aussi, d’après lui, c’est qu’il n’y a pas d’industrie textile au Burkina : « c’est ce qui fait que l’on ne peut pas s’en sortir ». Lui ne comprend pas pourquoi les Etats d’Afrique de l’Ouest n’arrivent pas à s’entendre pour créer une unité industrielle à l’échelle sous-régionale : « tout le monde y gagnerait, non ? ». Pourtant il reste optimiste : « tous les acteurs suivent le même but : l’Etat est dedans, les producteurs sont dedans, les sociétés cotonnières sont dedans ». Il ajoute : « et puis le fonds de lissage est là, pour permettre de payer les producteurs même si la production est moyenne, non ? ». Il parle de la culture OGM qui est un grand espoir même s’il n’en connaît pas les conséquences (« mais toi, tu en manges des OGM et ça va, non ? »). Il sait que la recherche doit encore continuer, « donc ça, c’est pas pour demain ». Concernant l’Université du coton à Bobo-Dioulasso, lui « ne sait pas si ça va donner de bonnes choses ou pas ». Quant à la privatisation de Dagris, « là, c’est grave ! » : « pourquoi le blanc fuit comme ça et surtout maintenant ? » Une interrogation en guise de conclusion à notre entretien.

A Yanwega, un des mes villages d’enquête, il y a un chef de pluie. Un bouc a été sacrifié et les villageois sont partis samedi "surpassé" chez lui pour lui annoncer qu’ils travailleront ses champs à partir de lundi. Dans la nuit, il y a eu une petite pluie. De quoi ameublir la terre pour bien labourer. Le jeudi, les producteurs ont fini de semer ses champs. La nuit qui a suivi, un orage a éclaté. Il n’a pas plu partout. A Yanwega, au vu de l’état des pistes et des champs, les précipitations ont été importantes. A Diabo, il est tombé seulement 6 mm. Idem à Fada. A Saatenga (un autre de mes villages d’enquête), rien du tout. Les coïncidences sont parfois troublantes. Il a plu également dans la nuit de vendredi à samedi. Est-ce à dire que la saison des pluies s’installe ? Il faut l’espérer. L’année passée, à cette période les pieds de coton pouvaient parfois déjà atteindre 1 mètre. Un producteur déclare : « cette année, on n’a pas la chance, d’abord les prix du coton et des engrais et maintenant la pluie qui n’est pas au rendez-vous : ce n’est pas facile !!!! ».

A bientôt !
Amitiés.
Camille


16 juin 2007

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les producteurs sont plutôt disponibles pour les entretiens puisqu’il n’a pas plu depuis le 6 juin. La plupart n’ont pas encore semé. Ceux qui l’ont fait ne peuvent que regarder les jeunes plants qui commencent à mourir. Tous attendent « la clé » qui ouvre le ciel pour laisser tomber la pluie.
Lors d’une discussion « informelle » avec plusieurs producteurs, l’un a commencé à rire en disant que « c’est pas facile, ils vont manger maintenant le sorgho rouge » (normalement utilisé pour faire le « dolo », la bière de mil).. Hilarité générale : « le goût là, c’est vraiment mauvais ». Les rires redoublent quand un autre ajoute : « et y’en a qui n’en ont même pas » (...) Heureusement qu’ils ont le cœur à rire.
Les entretiens avec les producteurs de coton confirment la diminution (attendue) des superficies qu’ils vont semer. S’il ne pleut pas rapidement,elles pourraient être encore moindres. Dans l’avenir, moins de la moitié de ceux avec qui j’ai discuté disent qu’ils continueront à cultiver le coton « un peu un peu » (même si le prix devait encore baisser) puisque c’est la seule culture qui leur permet d’avoir de l’argent. Le problème reste le prix des engrais. Certains de ceux qui vont semer cette année le font parce qu’ils avaient pris les intrants avant de connaître leur prix. Si la situation devait être la même l’année prochaine, ils ne le feront pas. La gestion du risque veut qu’ils doivent d’abord assurer la nourriture de la famille. Sans engrais (parce qu’ils sont trop chers), le rendement des céréales va diminuer. Il faudra donc augmenter leurs superficies.

Le retard de paiement cette année (conjugué avec l’épidémie de méningite dans certaines zones) a entraîné l’endettement de nombreux producteurs qui ont dû faire des crédits. Ces emprunts se font auprès de la famille, au Centre de Santé ou plus souvent auprès des commerçants. C’est difficile de savoir quels taux d’intérêt sont appliqués, parce que les producteurs rechignent à le dire (je vais essayer de « creuser » la question), surtout quand ils ont des liens de parenté. Quoi qu’il en soit, quand l’argent du coton est venu, il n’a servi qu’au remboursement de ces emprunts : « l’argent est déjà fini ». Les années « surpassées », cet argent permettait d’avoir de petites économies pour faire face aux problèmes qui pouvaient survenir (notamment de santé). Depuis la baisse des prix, ces économies sont difficiles à réaliser et ils sont obligés de vendre du mil pour régler les ordonnances. A priori (mais il me faut faire plus d’entretiens pour en être sûre), la baisse du prix n’a pas eu d’incidence sur la scolarisation des enfants en primaire. En revanche, elle en a une sur la scolarisation dans le secondaire puisque l’argent du coton permet d’envoyer les enfants en ville pour « fréquenter » le collège. Aujourd’hui, ils ne peuvent payer, ni les frais de scolarité (qui sont nettement plus élevés que pour l’école primaire), ni « l’entretien » de l’enfant en ville.

A bientôt !
Amitiés.
Camille


7 avril 2007
Je suis partie 3 jours la semaine dernière dans la Tapoa pour suivre les forums de début de campagne agricole (à Diapaga, Partiaga et Kantchari). Difficile de dire « ça s’est bien passé » parce que les nouvelles annoncées n’étaient pas bonnes. Les producteurs connaissaient déjà le prix des intrants et celui du coton donc ce n’était pas une surprise pour eux. Beaucoup s’inquiétaient des retard de paiement (c’est leur principal préoccupation, la plupart de ceux qui n’ont pas été payés ont du déstocker leurs céréales pour les vendre à des prix « très très moins chers »). Tous sont conscients que la campagne qui vient va être très difficile mais ils paraissent assez résignés. Et puis, tous ont l’espoir, entretenu par la SOCOMA, de lendemains cotonniers meilleurs (cf. fonds de lissage, négociation avec le gouvernement pour le renouvellement de la subvention, etc.) parce que « ça ne peut pas être autrement ». Il y a une réunion aujourd’hui à Ouagadougou sur la question de la subvention et de la TVA sur le transport. A voir, si les négociations vont aboutir. De toute façon ici,tout le monde s’attend à ce que les superficies baissent et surtout à ce que les rendements chutent (un producteur au regard du prix des intrants s’est demandé si « ce n’était pas le moment pour eux de s’asseoir et de revoir les enseignements »).

Concernant mon travail, j’ai vraiment envie de me concentrer sur les producteurs. Si je discute beaucoup avec les agents SOCOMA ou avec les gens de l’Union, je crois néanmoins que même s’ils sont conscients des difficultés, ils ne les vivent pas.

A bientôt !
Amitiés.
Camille


6 avril 2007
Les négociations avec le gouvernement ont abouti à la reconduction de la subvention aux intrants (3 milliards). A savoir comment l’Etat va la financer. [..] Tout comme les sociétés cotonnières qui elles aussi vont subventionner les intrants (avec quel argent ?). Malgré la subvention, la production pourrait diminuer de moitié. Les retours d’intrants ont été nombreux et beaucoup de GPC (*) ont en interne des impayés (producteurs incapables de s’acquitter de leurs dettes). D’autres ont de trop mauvais rendements. A priori, près d’un tiers des groupements risquent d’être supprimés. L’usine de la Kompienga ne fonctionnera pas. Celle de Diapaga non plus si la production n’est pas suffisante. Les paroles des producteurs dans mes entretiens semblent confirmer la baisse de la production : « cette année, ils vont réfléchir d’abord, on verra l’année prochaine ». Les défections ne seront peut-être pas aussi nombreuses, mais tous vont diminuer leur superficie. En fait ils ne peuvent pas ne pas produire du coton, « même si le coton est à 100 F, on va produire ». Aujourd’hui il est tombé la première (vraie) pluie. Jusqu’à 95 mm à Diabo (la zone où je mène les enquêtes). Reste à vérifier que le pluviomètre là-bas « n’est pas d’occasion ». Les prières des producteurs ont été entendues. Il faut espérer maintenant que la saison s’installe vraiment... Gageons que ces deux nouvelles (subventions et pluie) soient de bon augure !

(*) Groupement des Producteurs de Coton

A bientôt !
Amitiés.
Camille

Publié le : 17 octobre 2008

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