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Microfinance agricole - colloque FARM


Du 4 au 6 décembre, FARM en partenariat avec l’Institut de la Gestion Publique et du Développement Economique (IGPDE)a organisé à Paris le colloque "Quelle microfinance pour l’agriculture des pays en développement ?"

- La synthèse du colloque
- Le colloque au quotidien
- Un cadrage de la question du financement de l’agriculture et des apports de la microfinance
- Conclusions provisoires présentées par Solène Morvant lors de la session de clôture du colloque
- Les documents disponibles

Pour la presse :
- Les retombées de presse du colloque
- Le dossier de presse (pdf, 540ko)
- Le communiqué de presse d’ouverture du colloque(pdf, 26ko)

Un cadrage de la question du financement de l’agriculture et des apports de la microfinance


Malgré les nombreuses initiatives du secteur de la microfinance pour réduire l’exclusion financière, le problème du financement de l’agriculture se pose encore avec beaucoup d’acuité dans les pays en développement. FARM a donc choisi d’interroger le rôle et les modalités d’intervention de la microfinance pour améliorer le financement de l’agriculture : ces interrogations ont été au centre des débats du colloque organisé par FARM les 4, 5 et 6 décembre 2007, "Quelle microfinance pour l’agriculture des pays en développement ?"


Dans les pays en développement, trois personnes pauvres sur quatre résident dans les zones rurales. Pour leur subsistance, ces personnes dépendent fortement – directement ou indirectement – des activités agricoles. Entre 60 et 99% des ménages ruraux tirent leur revenu d’activités agricoles, même s’il est rare que celles-ci constituent l’intégralité du revenu monétaire de ces ménages. Ils s’engagent le plus souvent dans des activités de travail salarié agricole ou non agricole, d’auto-emploi (petit commerce, etc.) ou encore reçoivent des transferts monétaires envoyés par les membres de la famille émigrés dans les villes du pays ou à l’étranger. En effet, l’agriculture familiale se caractérise par une faible productivité, du fait notamment de la déficience des investissements en intrants (engrais, produits phytosanitaires, herbicides) ou en équipement. Or, la réalisation de ces investissements passe par l’accès à des sources de financement sous forme de prêts de court, moyen et long terme. Mais, l’éloignement des agriculteurs des centres urbains, conjugué à l’absence de garantie matérielle d’une population aux revenus monétaires faibles, ont longtemps constitué des obstacles majeurs pour le développement de services financiers formels accessibles et adaptés aux caractéristiques d’une population pauvre monétairement et dont la survie est assurée par des activités dépendantes de facteurs exogènes : aléas climatiques, maladies phytosanitaires, évolution des prix de vente, etc.


Dans ce contexte, le développement de nombreuses initiatives de microfinance, destinées à desservir les populations rurales jusque-là exclues de l’accès aux services financiers procurés par le secteur bancaire a constitué un véritable espoir pour le financement de l’agriculture des pays en voie de développement. Or, force est de constater que l’accès aux services financiers illustre encore d’importantes inégalités non seulement régionales mais aussi territoriales et l’agriculture est encore largement délaissée.


Mettre en place des services financiers dans des zones enclavées à faible densité de population et où les infrastructures (routes, électricité, centres de santé, etc.) manquent s’avère une gageure. Viser l’appui aux activités agricoles constitue, dans ce contexte, un défi supplémentaire car c’est risqué et faiblement rentable. Ainsi s’explique pourquoi l’offre de microfinance ne couvre encore qu’une faible part des besoins de l’agriculture dans les pays en développement.


La « bancarisation » des agriculteurs du sud est donc loin d’être complète, elle pose des défis importants à ce secteur. Or, à partir d’initiatives menées dans différents contextes, on peut interroger quelles modalités de la microfinance s’avèrent adaptées à l’agriculture et à quelles conditions la microfinance peut avoir un impact sur le développement des activités agricoles.


Le colloque s’est tenu au centre de conférences Pierre Mendès-France du Ministère de l’économie, des finances et de l’emploi Ministère du budget, des comptes publics et de la formation publique. Il a réuni près de 350 participants de différents pays d’Afrique, d’Amérique Latine, d’Asie et d’Europe. Les deux journées et demie se sont articulées autour de trois sessions plénières et de six ateliers.

Par ailleurs, plusieurs personnalités marquantes étaient présentes : Richard Meyer, Michel Petit, Henri Rouillé d’Orfeuil, Jacques Attali, Jean-Michel Servet, René Carron, Jacques Diouf….

Conclusions provisoires présentées par Solène Morvant lors de la session de clôture du colloque


A partir des années 1980, l’échec d’une offre de crédit fondée jusque là exclusivement sur l’intervention étatique a laissé la place à un nouveau paradigme qui a amené un renouveau de l’approche du financement rural et agricole dans les pays en développement. La microfinance a, avec la libéralisation du système financier, accompagné l’émergence de ce nouveau paradigme. Cependant, le constat qui a été fait dès l’ouverture du colloque est que cette nouvelle approche n’a pas rempli toutes ses promesses, notamment vis-à-vis du financement du monde rural et plus particulièrement des activités agricoles. En effet, les taux de couverture sont encore faibles et l’agriculture demeure insuffisamment financée ou, lorsqu’elle est financée, l’offre ne répond qu’imparfaitement aux besoins des producteurs agricoles. La nature diversifiée des besoins a été abordée par les panélistes de la première session plénière. Le décalage entre l’offre et les besoins se situe à plusieurs niveaux : les caractéristiques des produits et des services financiers, l’identification au personnel de l’IMF et la mauvaise information des clients.


Aussi, face aux spécificités du financement de l’agriculture, il est souhaitable de faire un pas supplémentaire. En effet, sans renier les bases du changement de paradigme, il s’agit de mettre l’accent sur les voies intermédiaires afin que, tout en ne perdant pas de vue l’objectif de pérennité du secteur, la microfinance construise des partenariats et agisse en complémentarité avec d’autres acteurs du secteur rural et agricole. A coté d’acteurs déjà identifiés comme acteurs stratégiques tels que les banques commerciales et de développement, les organisations de producteurs apparaissent comme de nouveaux acteurs de la filière ainsi que les agro-industries. De leur coté, les organisations de la philanthropie peuvent s’engager aux cotés des institutions de microfinance dans les actions de développement agricole.


Ce constat du rôle crucial des partenariats est ressorti dans de nombreux débats et notamment, ce qui peut sembler a priori étonnant, dans les réflexions autour des innovations. En effet, si les innovations en termes de produits sont indispensables et apportent des solutions (tout en tenant compte du fait que leur diffusion plus large se heurte parfois aux spécificités des contextes et qu’il y a une nécessité forte d’adaptation), il semble qu’une amélioration de la prise en compte des activités agricoles par le secteur financier passe davantage par des innovations en termes de processus et de jeux d’acteurs. Au cœur de ces processus, les producteurs et leurs organisations doivent jouer un rôle central (largement souligné) non seulement au niveau de la gouvernance des institutions mais également au niveau de la prise de décision, du contrôle et de la conception des produits, afin d’améliorer l’offre des services financiers. Les échanges ont souligné que les institutions de microfinance et les organisations de producteurs peuvent également participer à l’élaboration des politiques publiques.


Mais ces jeux d’acteurs et ces partenariats ne règlent pas tous les problèmes. Encore faut-il que le personnel des IMF dispose des compétences et convictions propices à la mise en œuvre de l’offre des services financiers destinée à l’activité agricole. Par ailleurs, il est important de souligner que ces partenariats n’apportent pas de solution à la question de la rentabilité d’une partie des activités agricoles. Certains témoignages ont fait état d’une démarche de segmentation des types d’activités financées en privilégiant les activités agricoles économiquement rentables. Si cette segmentation est légitime, car elle permet d’allier l’objectif de rentabilité financière de l’IMF avec celui de l’impact de ces services sur les activités financées, elle ne résout par la question des activités agricoles aux taux de rentabilité plus faibles. Car si le constat a été fait que les agriculteurs qui vivent ou survivent de ces activités agricoles à faible rentabilité remboursent leur crédit aussi bien que ceux d’autres secteurs plus rentables, cela ne signifie pas que l’accès au crédit leur permet de dégager une marge suffisante. Il faut par conséquent distinguer les indicateurs de performance au niveau de l’IMF et la rentabilité réelle des activités financées. Cette question du financement des activités faiblement rentables reste ouverte et doit être posée aux acteurs de l’aide internationale ainsi qu’aux pouvoirs publics.


Pour finir, nous reviendrons sur le jeu d’acteurs et l’équilibre fragile qui se met en place, les expériences ont montré que l’articulation d’une offre de services en milieu urbain et en milieu rural notamment dirigée vers les activités agricoles est une condition de la pérennité de l’IMF. En revanche, si elle comporte des avantages indéniables, elle peut générer des craintes de la part des acteurs ruraux et notamment des organisations de producteurs quant à l’abandon des activités agricoles au profit d’activités plus rentables. Il est par conséquent essentiel que chaque acteur comprenne et tienne compte des contraintes qui s’imposent aux autres acteurs et que les partenariats se définissent à partir de cette compréhension mutuelle.

Les documents disponibles

Programme du colloque (pdf, 746ko)

Présentations et articles disponibles :
- Séance plénière 1 : Quelles réponses la microfinance apporte-t-elle aux besoins des agriculteurs ?
- Atelier 1 : Comment organiser la microfinance pour qu’elle réponde aux spécificités de la microfinance ?
- Atelier 2 : Comment répondre aux besoins financiers de l’agriculture : produits et procédures innovants ?
- Atelier 3 : Comment gérer les risques agricoles : procédures et outils innovants ?
- Séance plénière 2 : Comment améliorer l’impact économique de la microfinance sur le développement agricole ?
- Atelier 4 : Quels rôles des organisations professionnelles agricoles dans la microfinance ?
- Atelier 5 : Quelles sont les conditions de viabilité financière de la microfinance agricole ?
- Atelier 6 : Quelle complémentarité des services non financiers liés à l’agriculture pour renforcer l’impact de la microfinance ?
- Plénière 3:Quelles politiques publiques pour améliorer durablement la contribution de la microfinance à l’agriculture ?

Les retombées de presse du colloque

- L’international magazine : Entretien avec Bernard Bachelier,
- Le Monde Economie mardi 4 décembre "Définir un contrat entre agriculture et microfinance" (Bernard Bachelier),
- Le Figaro mardi 4 décembre "L’agriculture et le rôle essentiel des banquiers aux pieds nus" (René Carron et Bernard Bachelier),
- Afrique Agriculture novembre 2007 "Financement : un accès facilité pour les paysans"
- Radio France Internationale mardi 4 décembre, entretien avec Bernard Bachelier
- Agra Presse lundi 10 décembre, "Le microcrédit pour l’agriculture doit être soutenu"

Publié le : 22 mai 2008

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