Un séminaire de travail sur la gestion de l’eau en situation de pénurie en région méditerranéenne s’est tenu à Paris les 13 et 14 mars 2007. Il était organisé par l’association « Echanges méditerranéens pour l’eau, la forêt et le développement » avec le soutien financier de FARM et a réuni plus de soixante participants dont 17 venaient du Maroc, de Tunisie, d’Algérie, du Liban, du Mali ou d’Allemagne.
Les débats ont été précédés d’une analyse des ressources et des besoins en eau pour les pays riverains de la Méditerranée présentée par Jean MARGAT, vice-président du « Plan Bleu » et par Jean-François DONZIER, directeur général de l’Office international de l’eau. Puis a été exposée la situation de la gestion de l’eau au Maroc, en Tunisie, en Algérie et au Liban par des responsables techniques ou administratifs de ces pays.
Ces interventions ont mis en évidence la raréfaction des ressources en eau due à l’accroissement démographique du sud de la Méditerranée et aux changements climatiques qui ont réduit très sensiblement (de l’ordre de 20%) la pluviométrie annuelle moyenne depuis une vingtaine d’années.
L’irrigation, qui utilise environ 75% de la consommation totale d’eau, reste nettement le plus gros consommateur d’eau, suivie par les besoins domestiques (consommation humaine et tourisme) puis par les besoins industriels. La pénurie actuelle d’eau conduit à ce que certaines nappes souterraines soient exploitées bien au-delà de leurs capacités de renouvellement naturel. Et des restrictions très importantes d’eau sont, certaines années, imposées aux périmètres irrigués, conduisant, par exemple, à ne pas arroser les grandes cultures céréalières.
La nécessité de répondre aux besoins en eau potable et à l’amélioration du niveau de vie n’est pas contestable. Par ailleurs, on constate que l’irrigation a permis à des pays méditerranéens de répondre, depuis une cinquantaine d’années, à des accroissement démographiques, et donc à des besoins alimentaires, très importants.
Les solutions pour faire face à la pénurie de la ressource en eau sont coûteuses (grands ouvrages ; dessalement de l’eau de mer ; réutilisation des eaux après épuration) et nécessitent des changements de comportement humain (lutte contre les fuites ; économies d’eau). Or les usagers ne sont pas vraiment conscients de la gravité de la pénurie actuelle et prévisible à moyen et long terme. Une meilleure prise de conscience de la situation est donc indispensable et est une condition incontournable à de véritables économies d’eau.
Le séminaire s’est terminé par une table ronde animée par Gérard TENDRON, président de la section « Eau » du Conseil général du ministère de l’agriculture (France). Y participaient Bernard BACHELIER, directeur de FARM, et des représentants des pays méditerranéens concernés. Cette table ronde et les échanges au cours du séminaire ont montré que la pénurie d’eau touche avec une acuité comparable les trois pays du Maghreb, et que la prise de conscience de l’absolue nécessité de faire des économies d’eau est partagée. Les solutions prévues pour augmenter les ressources peuvent différer d’un pays à l’autre, par exemple sur la mise en place, plus ou moins proche, de grosses unités de dessalement d’eau de mer ; mais tous les participants ont insisté sur l’importance de mener des politiques actives d’économie d’eau, en particulier dans le secteur agricole, plus gros consommateur d’eau, en associant étroitement les agriculteurs concernés.