Trois manifestations en une, à Paris, cette semaine. Pari gagné : agriculteurs et experts européens et des pays en développement confirment l’intérêt de débattre ensemble de l’avenir des agricultures du monde
L’avenir des agricultures européennes et des agricultures en développement a été au cœur du colloque international organisé par Pluriagri, Notre Europe et la Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde (FARM), les 27, 28 et 29 novembre 2006 à Paris, au siège du Crédit Agricole, colloque intitulé « Quel cadre pour les politiques agricoles, demain, en Europe et dans les pays en développement ? ».
Les trois institutions avaient décidé d’organiser ensemble leur manifestation afin de favoriser les échanges et de tirer le plus large parti des études et des exposés. Pluriagri a rendu compte des travaux de modélisation des marchés internationaux des grandes cultures, Notre Europe de ses diagnostics préparant l’avenir de la PAC à l’horizon 2013 , FARM des enjeux des accords de partenariat économique qui devraient s’appliquer en 2008.
Le pari est gagné. La vigueur des débats et la réactivité des participants, notamment des agriculteurs africains invités par FARM et présents tout au long des trois jours ont prouvé que les professions agricoles partagent plus d’intérêts communs que de divergences. La prospective de marchés agricoles et la conception des politiques publiques intéressent tout autant les producteurs du Nord que ceux du Sud.
L’autre intérêt du colloque a été de favoriser le dialogue entre les experts notamment les économistes, les agronomes, les sociologues, les professionnels, tant les agriculteurs que les entreprises, ainsi que les représentants des institutions européennes et des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP).
L’essentiel des débats de la première journée a eu pour objet l’impact de la demande en biocarburants sur les marchés et les prix agricoles des céréales, des oléagineux et des produits à sucre, au vu des possibilités offertes par les technologies récentes mais aussi des ruptures technologiques en préparation. Le lendemain matin ont été analysées les attentes sanitaires, environnementales et territoriales des sociétés européennes vis-à-vis de l’agriculture, notamment celles des nouveaux Etats membres.
Les trois demi-journées animées par Farm ont permis de débattre de la possibilité pour l’agriculture des pays ACP de tirer profit des Accords de Partenariat Economique (APE) avec l’Union Européenne. Des études originales et des synthèses ont montré l’importance de créer de réels marchés régionaux pour donner une meilleure chance aux produits locaux, notamment les cultures vivrières, le lait et la viande. Pour tirer parti des APE, il faut des périodes de transition de longue durée, la protection des produits sensibles, des politiques régionales et des investissements massifs dans l’agriculture. Les représentants de la Commission européenne ont affirmé leur volonté de réunir les conditions de réussite pour le développement qu’il s’agisse des tarifs douaniers, des délais ou de l’aide aux investissements.
Le colloque a été l’occasion d’interventions marquantes de hautes personnalités attentives à l’agriculture et au développement : Dominique Bussereau, Soumaïla Cissé, Erik Orsenna, Henri Nallet Bernard Petit, Edgard Pisani, Mamadou Cissokho, Ibrahim Mayaki, Christian de Boissieu, Xavier Beulin...