La Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde (FARM)
et la Mission agrobiosciences ont organisé le 17 septembre à Ecole Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse, un colloque international sur le thème « Biodiversité agricole et sécurité alimentaire : Vavilov retrouvé ? ».
Ce colloque était soutenu par le GNIS, l’ENSAT et l’ENFA.
Les présentations suivantes sont disponibles :
Histoire et modernité de Vavilov (Michel Chauvet)
Vavilov (Stepan Kiru)
Conservation de la diversité agricole, cadrage (Emile Frison)
Un droit international sous tension (Isabelle Doussan)
Le casse-tête des APA, accès et partage des avantages (Sélim Louafi)
Voir également l’article de François Traoré.
Vidéos des présentations, par la Mission agrobiosciences
Diaporama :
Film sur Nicolaï Vavilov, réalisé par Stepan Kiru : |
Montage-interview sur Nicolaï Vavilov, réalisé par Christophe de Heaulme : |
A l’occasion du 70ème anniversaire de la mort de Nikolaï Ivanovitch Vavilov (1887-1943), la Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde (FARM) et la Mission Agrobiosciences ont organisé un colloque consacré à ce grand botaniste et généticien russe, l’un des premiers scientifiques à avoir saisi le lien essentiel entre la diversité biologique des ressources végétales et la sécurité alimentaire des sociétés. Reconnu mondialement pour l’importance de ses travaux sur l’identification des « centres de diversité » des plantes cultivées ainsi que pour la fabuleuse collection de graines, feuilles et autres tubercules qu’il collecta au cours de ses périples sur les cinq continents et conserva dans la première banque de semences, créée à Saint-Pétersbourg, N.I. Vavilov ajoute bien malgré lui à cette figure d’intellectuel celle d’un martyr, prisonnier des geôles de Staline pour avoir incarné la « science bourgeoise », à savoir une génétique jugée « réactionnaire », à l’opposé de la « science prolétarienne » du trop fameux Lyssenko. Après avoir bataillé toute sa vie pour assurer la survie alimentaire de la Russie, N.I. Vavilov meurt de faim en prison, à l’âge de 56 ans, le 26 janvier 1943.
Durant les décennies suivantes, malgré la réhabilitation du savant en 1955, les vents d’un monde nouveau en construction laissent son œuvre en marge : intensification des systèmes de production agricole, montée en puissance de sciences jeunes et prometteuses telles que la biologie moléculaire et le génie génétique, réformes des politiques agricoles… bouleversent radicalement le paysage. Certes, dans les années 1990, la question de la biodiversité s’invite pleinement dans les débats et le droit international. Mais il faudra l’envolée des prix agricoles et les émeutes de la faim dans de nombreux pays en développement, en 2008, pour que la fonction nourricière de l’agriculture revienne au premier plan des préoccupations.
La pensée de Vavilov est donc de retour… Incroyable comme des préoccupations contemporaines telles que l’ardente obligation d’assurer la sécurité alimentaire, notamment dans les pays en développement, le lien entre expertise et politique, et plus généralement les relations entre agriculture et société font écho aux travaux et à la démarche du grand scientifique russe. Et plus encore à l’heure du changement climatique, de la raréfaction des ressources naturelles, de la pression sur les terres agricoles ou encore de la prise de conscience accrue de l’érosion de la biodiversité agricole comme de celle des modèles et des pratiques culturales. Car cela aussi, Vavilov l’avait pointé : le rôle crucial des sociétés humaines, de leurs cultures, de leurs gestes et de leurs mots, pour sélectionner dans chaque région, les espèces cultivées les mieux adaptées.
Comment faire fructifier son héritage ? En quoi ses travaux et sa démarche résistent-ils à l’épreuve des enjeux du 21ème siècle ? Comment la recherche s’intéresse-t-elle de nouveau, aujourd’hui, à la biodiversité agricole et à la pluralité des systèmes de cultures ?
Cette journée était également dédiée à la mémoire de Jean-Claude Flamant, président de la Mission Agrobiosciences, disparu en juin 2012. Ce chercheur en perpétuel questionnement sur les questions science et société était évidemment très sensible à l’œuvre et au destin de Vavilov (Lire sur le site de la Mission Agrobiosciences, les publications de Jean-Claude Flamant concernant Vavilov).